Les autorités américaines ont annoncé leur intention de relâcher en Syrie un Américano-Saoudien qu'elles détiennent en Irak, une libération qui s'apparente à un «ordre d'exécution» selon les avocats du prisonnier.

Dans un acte de procédure enregistré mercredi soir devant un tribunal de Washington, le Pentagone a assuré que son projet de libération de ce détenu, devenu très encombrant, était «en conformité avec les pratiques militaires» dans les zones de guerre.

Mais ce n'est pas l'avis de l'ACLU, la grande organisation américaine de défense des libertés qui soutient le prisonnier.

Les autorités «ont l'intention de se débarrasser d'un citoyen américain au bord d'une route d'un pays ravagé par la guerre, sans aucune garantie de protection», a dénoncé Jonathan Hafetz, un avocat de l'ACLU.

«Ce que l'État propose à notre client n'est pas une libération, c'est un ordre d'exécution. C'est une façon indigne de traiter un citoyen américain», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Ce détenu est devenu source d'embarras pour Washington, surtout depuis que la justice saisie par l'ACLU est venue contrecarrer les intentions du Pentagone.

Une cour d'appel fédérale à Washington a ainsi interdit le mois dernier aux autorités américaines de transférer le prisonnier vers l'Arabie saoudite.

L'affaire soulève d'importants enjeux, apparemment contradictoires, en termes de sécurité nationale et de droits constitutionnels des citoyens américains.

L'individu, dont l'identité n'a pas été révélée, est accusé d'avoir combattu pour le groupe État islamique (EI) en Syrie, où il a été capturé.

Il a été détenu en Irak sans représentation légale jusqu'à ce que l'ACLU saisisse en son nom un tribunal en octobre.

Né aux États-Unis, le prisonnier est qualifié de «combattant ennemi» par le gouvernement américain. Mais, note l'ACLU, l'intention de le libérer désormais montre que, pour les autorités militaires, «il ne représente plus de danger».

L'homme s'est rendu aux Forces démocratiques syriennes (FDS) en Syrie en septembre, avant d'être transféré en Irak où il a été interrogé par des enquêteurs américains.