Un sénateur démocrate américain a annoncé samedi qu'il soutenait la nomination à la tête de la CIA de Gina Haspel, offrant une voix potentiellement décisive à la candidate de Donald Trump malgré son rôle controversé dans des programmes de torture.

Après une « conversation dure, franche et complète » avec la candidate, ayant touché à l'épineux sujet des programmes d'interrogatoire poussés de la CIA introduits après les attentats du 11-Septembre, le sénateur de l'Indiana Joe Donnelly a décidé de voter en faveur de sa confirmation.

Les républicains disposant d'une très courte majorité au Sénat américain (51 contre 49), chaque voix compte et tout retournement est scruté avec une attention particulière.

« J'estime qu'elle a appris du passé et que la CIA sous sa direction peut aider le pays à faire face aux sérieuses menaces internationales », écrit dans un communiqué le sénateur qui fait face à une réélection difficile en novembre, dans un État qui avait voté à une solide majorité pour Donald Trump en novembre 2016.

Avant lui, un autre sénateur démocrate affrontant une réélection difficile dans le fief trumpiste de la Virginie occidentale, Joe Manchin, avait annoncé qu'il soutiendrait aussi la nomination de Gina Haspel.

Âgée de 61 ans, déjà numéro deux de l'agence de renseignement, Gina Haspel a dû s'expliquer au Congrès mercredi sur son rôle, pendant au moins une partie de l'année 2002, à la tête d'une prison secrète de la CIA en Thaïlande, où les détenus suspectés d'appartenir à Al-Qaïda étaient fréquemment torturés. Ces séances incluaient des simulacres de noyade (« waterboarding »).

L'ancienne espionne aux plus de 30 ans de carrière au sein de l'agence américaine a, à cette occasion, justifié la destruction d'une centaine de cassettes vidéo d'interrogatoires poussés d'un suspect, où les agents de la CIA pouvaient être identifiés.

Elle a promis que la CIA ne recourrait plus à ces pratiques, mais son audition n'a pas convaincu John McCain, sénateur républicain et ancien combattant torturé dans les geôles nord-vietnamiennes.

Luttant contre un cancer du cerveau, cette grande figure de la politique américaine ne devrait cependant pas pouvoir participer au vote. Mais son avis pourrait influencer d'autres élus, comme l'autre sénateur de l'Arizona et proche de McCain, Jeff Flake, tandis qu'un troisième républicain, le sénateur libertarien Rand Paul, a déjà annoncé qu'il voterait contre.

Avec le soutien annoncé de Joe Donnelly et Joe Manchin, Gina Haspel retrouve les voix nécessaires pour sa confirmation.