Donald Trump a encore donné libre cours à son exaspération vendredi, après le dévoilement de notes confidentielles de l'ex-chef du FBI qu'il a limogé, montrant le président américain obsédé par l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection de 2016.

M. Trump a qualifié de «louche» James Comey dans un dernier tweet, après l'avoir déjà traité de «menteur», «fuyant» ou encore de «raclure».

Le locataire de la Maison-Blanche ne pardonne pas à l'ancien patron policier de l'avoir présenté comme «moralement inapte» à être président des États-Unis, dans un livre sorti cette semaine.

Mais la colère présidentielle a été encore avivée par des notes confidentielles de M. Comey dévoilées jeudi soir.

Selon ces documents, Donald Trump s'est plaint à diverses reprises auprès de l'ex-chef du FBI de l'ombre que faisait planer sur sa présidence l'enquête russe.

M. Trump «a déclaré qu'il essayait de diriger le pays et que cela était entravé par l'ombre portée par cette affaire russe», écrit par exemple M. Comey, après une conversation avec le président le 30 mars 2017.

Onze jours plus tard, M. Trump s'est à nouveau montré pressant sur cette question, dans une autre discussion avec James Comey.

«Nuage» sur la présidence

«Il s'emploie à oeuvrer pour le pays, avec des visites de dirigeants étrangers, et le moindre nuage, même petit, assombrit cela», a rapporté M. Comey au sujet de cet entretien.

Tandis qu'il dirigeait la police fédérale, James Comey avait pris l'habitude d'immédiatement retranscrire la teneur de ses échanges avec le président Trump. Le milliardaire l'a brutalement limogé le 9 mai 2017.

En plus de savoir s'il y a eu entente entre Moscou et des collaborateurs de Donald Trump pour influencer le résultat de la présidentielle 2016, la fameuse enquête russe confiée au procureur spécial Robert Mueller cherche à déterminer si M. Trump a ensuite abusé de son pouvoir pour entraver les investigations.

Dans ce second volet, les notes de M. Comey, si leur véracité est établie, pourraient peser lourd, semblant montrer une volonté d'obstruction judiciaire du président.

Les notes de James Comey «montrent clairement qu'il n'y a eu AUCUNE COLLUSION et AUCUNE OBSTRUCTION», a tweeté jeudi soir M. Trump, en témoignant son irritation par des lettres majuscules.

«La chasse aux sorcières va-t-elle continuer ?», a interrogé le président, qui ne semble pas écarter cette hypothèse puisqu'il a étoffé ce même jour son équipe juridique de trois nouveaux avocats.

Parmi eux se trouve l'ancien maire de New York, Rudy Giuliani, une personnalité combative mais controversée.

Le juriste septuagénaire avait été critiqué par les démocrates en suggérant durant la campagne électorale avoir des sources l'informant de l'enquête du FBI sur l'utilisation par Hillary Clinton d'un serveur privé pour ses emails.

De son côté, James Comey fait la tournée des plateaux de télévision, au risque d'écorner son image de personne évoluant au-dessus des turpitudes politiques.

L'ancien grand flic affirme détailler dans son livre sa vision de l'éthique à laquelle doit se conformer un haut responsable. Mais son ouvrage est aussi un brûlot contre Donald Trump, d'où l'intérêt qu'il suscite.

Coup de fil avec Poutine ?

L'ancien procureur fédéral dépeint Donald Trump comme un personnage malhonnête et égocentrique, obsédé par les détails scabreux le concernant, y compris des rumeurs non prouvées sur son recours en 2013 à des prostituées russes à Moscou.

Dans une de ses notes, datée du 8 février 2017 après une rencontre avec M. Trump dans le Bureau ovale, M. Comey écrit la chose suivante:

«Le président a dit que «le truc des prostituées» était n'importe quoi mais que [le président russe Vladimir] Poutine lui avait confié: 'Nous avons parmi les plus belles prostituées du monde'. Il n'a pas dit quand Poutine lui a déclaré cela».

Ce passage soulève de nombreuses questions, notamment de savoir si la conversation présumée s'est déroulée avant la présidentielle, Donald Trump ayant affirmé avoir eu des contacts extrêmement limités avec le président russe.

«Si cela figure dans le livre, alors au minimum cette partie est fausse. Le président Poutine n'a pas pu dire ça au président Trump, d'autant plus qu'ils n'ont jamais eu de contact avant que Trump devienne président», a déclaré vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.