Donald Trump, qui a fait des virulentes attaques contre les médias sa marque de fabrique, ne participera pas fin avril au dîner de l'Association des correspondants à la Maison-Blanche (WHCA).

Comme en 2017, M. Trump a décidé de bouder ce dîner de gala placé sous le signe de l'humour qui célèbre la liberté de la presse et donne l'occasion au président américain de prononcer un discours, en général teinté d'autodérision, sur l'année écoulée.

« La Maison-Blanche nous a informés que le président n'avait pas l'intention de participer au dîner cette année mais qu'il encouragerait les membres de l'exécutif à le faire », a annoncé vendredi Margaret Talev, présidente de la WHCA.

Sarah Sanders, sa porte-parole, représentera la Maison-Blanche à la table sur scène à laquelle le président et la Première dame s'assoient traditionnellement.

La tradition de ce dîner a débuté en 1921. Depuis 1980, tous les présidents - démocrates comme républicains - y ont assisté, sauf Ronald Reagan en 1981 qui se remettait alors de l'attentat dans lequel il avait été grièvement blessé.

C'est lors de ce dîner, auquel il participait en tant qu'invité en 2011, que Donald Trump avait été la cible des piques de Barack Obama, qui avait raillé son goût pour les théories du complot.

Pendant des années, le magnat de l'immobilier a en effet relayé une théorie portée par certains milieux d'extrême droite mettant en doute le lieu de naissance de Barack Obama et donc sa légitimité pour diriger les États-Unis.

Exaspéré - « Nous n'avons pas de temps pour ce genre de bêtises » -, Barack Obama avait été contraint d'organiser une conférence de presse à la Maison-Blanche pour publier son acte de naissance complet et clore cette polémique artificielle.

« Malhonnêtes et corrompus »

Quelques jours plus tard, il profitait de la présence de l'extravagant milliardaire lors du dîner WHCA, pour dire, avec une jubilation évidente, ce qu'il pensait du personnage.

« Personne n'est plus heureux que le Donald d'en finir avec cette affaire d'acte de naissance », lançait-il à la tribune. « Parce qu'il peut enfin s'intéresser aux sujets qui comptent vraiment : Avons-nous fait semblant d'envoyer un homme sur la Lune ? Que s'est-il passé à Roswell ? », ajoutait-il dans les rires.

Quelques heures après l'annonce de sa non-participation au célèbre dîner, le président américain a lancé vendredi une énième attaque contre les « Fake News Media ».

Cette fois, ce sont les articles concernant le directeur de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), Scott Pruitt, qui ont provoqué le courroux du locataire de la Maison-Blanche.

Le président a jugé sans fondement un article de CNN affirmant que ce dernier, dans la tourmente pour des dépenses somptuaires, pourrait prochainement devenir ministre de la Justice.

« Il a tellement de médias malhonnêtes et corrompus ! », a-t-il conclu.

Quelques voix - plutôt isolées - s'élèvent de temps en temps dans son propre camp pour dénoncer les attaques quasi-quotidiennes contre les journalistes du dirigeant de la première puissance mondiale.

« L'expression "Fake news" à laquelle le président américain a donné une légitimité est utilisée par des autocrates pour réduire au silence des journalistes », déplorait en début d'année le sénateur républicain John McCain.