Donald Trump a accueilli mardi les dirigeants des pays baltes devant lesquels il a vanté sa fermeté face à la Russie, leur puissant voisin, au moment où une éventuelle visite de Vladimir Poutine à la Maison-Blanche est évoquée.

«Personne n'a probablement été aussi ferme face à la Russie que Donald Trump», a lancé le président américain lors d'un déjeuner avec la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite et ses homologues estonienne Kersti Kaljulaid et letton Raimonds Vejonis.

Martelant sa conviction qu'avoir de bonnes relations avec Moscou serait «une bonne chose», il n'a pas abordé directement la question sensible d'une éventuelle rencontre prochaine avec l'homme fort du Kremlin à Washington.

Ce possible face-à-face, évoqué lors d'un échange téléphonique entre les deux hommes le 20 mars, intervient dans un contexte de grandes tensions liées à l'affaire Skripal.

La dernière visite de M. Poutine à la Maison-Blanche remonte à 2005, sous George W. Bush.

Les trois pays baltes, dont la population combinée se chiffre à six millions de personnes, ont passé cinq décennies sous occupation soviétique, jusqu'en 1991, avant de rejoindre l'OTAN et l'UE en 2004.

Selon un haut responsable lituanien, les dirigeants entendent demander aux États-Unis de leur envoyer plus fréquemment les batteries de missiles antimissiles Patriot pour des exercices militaires.

«J'espère que les États-Unis et les autres alliés comprennent que l'espace aérien des pays baltes doit être mieux protégé et défendu», a dit Mme Grybauskaite à la radio publique LRT, à la veille de la visite.

«Il est important que [les troupes américaines] se trouvent en rotation permanente dans tous les pays baltes», a-t-elle ajouté.

L'année dernière, l'OTAN a déployé quatre bataillons multinationaux en Pologne et dans les trois pays baltes en guise de déclencheur d'alerte contre un éventuel aventurisme russe, alors que l'armée américaine a envoyé des Patriot en Lituanie dans le cadre d'exercices.

Venu en juillet en Estonie, le vice-président américain Mike Pence a évoque la possibilité d'y déployer les Patriot.

Baiser Trump/Poutine à Vilnius

Les pays baltes avait été secoués par la rhétorique de la campagne électorale de M. Trump avec en particulier sa mise en question de l'utilité de l'OTAN.

En 2016, on a vu apparaître sur un mur de Vilnius une image de M. Trump déposant un tendre baiser sur les lèvres de M. Poutine, tandis qu'un sondage publié l'année dernière indiquait que deux Lituaniens sur trois ne faisaient pas confiance au président américain.

L'expulsion par Washington de 60 diplomates russes en solidarité avec Londres après l'empoisonnement en Grande-Bretagne d'un ancien espion russe, est cependant un signe d'une attitude plus offensive, souligne Simas Celutka, de l'Institut d'analyse de la politique de Vilnius.

M. Trump, qui a souvent attaqué les «passagers sans billet» de l'OTAN, devrait féliciter les trois pays baltes de respecter la règle de l'OTAN de dépenser 2% du PIB  pour leur défense.

Evoquant ses discussions avec les trois dirigeants baltes, avec qui il devait participer à une conférence de presse commune en début d'après-midi, il a affiché sa volonté «de développer les échanges et les investissements».

Le sommet américano-balte comprend également un forum économique où la Lituanie compte signer des contrats en vue d'augmenter les importations de gaz naturel liquéfié américain pour réduire sa dépendance du groupe russe Gazprom.

Le risque d'une guerre commerciale entre l'Union européenne et les États-Unis pourrait être également discuté à Washington, les pays baltes s'inquiétant d''une possible querelle transatlantique.

Photo Petras Malukas, archives Agence France-Presse

En 2016, on a vu apparaître sur un mur de Vilnius une image de M. Trump déposant un tendre baiser sur les lèvres de M. Poutine.