Le président américain Donald Trump a assuré mardi qu'il enverrait des soldats protéger la frontière sud des États-Unis, rendue poreuse selon lui par le laxisme des autorités mexicaines et les décisions délibérées de son prédécesseur, Barack Obama.

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Trump veut envoyer l'armée à la frontière avec le Mexique

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Signature: Par AFP par Ivan Couronne, avec Sofia MISELEM à MEXICO

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WASHINGTON - Le président américain Donald Trump a assuré mardi qu'il enverrait des soldats protéger la frontière sud des États-Unis, rendue poreuse selon lui par le laxisme des autorités mexicaines et les décisions de son prédécesseur, Barack Obama.

«Jusqu'à ce que nous ayons un mur et une sécurité adéquate, nous allons protéger notre frontière avec notre armée, c'est un grand pas», a déclaré M. Trump en marge d'une rencontre avec les trois dirigeants des pays baltes à la Maison-Blanche.

L'ambassadeur du Mexique aux États-Unis, Geronimo Gutiérrez, a immédiatement fait savoir qu'il avait demandé des explications aux autorités américaines. «Le gouvernement mexicain décidera de sa réponse en fonction de cette clarification et défendra toujours notre souveraineté et notre intérêt national», a ajouté plus tard Luis Videgaray, ministre mexicain des Affaires étrangères, sur Twitter.

La Maison-Blanche a expliqué dans la soirée que Donald Trump «a été informé la semaine dernière par de hauts responsables de l'administration sur le flux croissant d'immigration illégale, de drogues et de membres violents de gangs venant d'Amérique centrale». Lors de cette réunion, avec notamment ses ministres de la Défense, de la Sécurité intérieure et de la Justice, «il a exigé une stratégie vigoureuse de son administration pour faire face à cette menace et protéger la sécurité de l'Amérique».

«Aujourd'hui, il a tenu une réunion de suivi pour évoquer la stratégie de son administration, qui inclut la mobilisation de la Garde nationale», poursuit la Maison-Blanche dans un communiqué.

Corps de réserve de l'armée américaine, la Garde nationale est intervenue à la frontière en 2010, sur ordre de Barack Obama, ainsi qu'en 2006-2008 sous George W. Bush. Selon une loi de 1878, l'armée ne peut généralement pas intervenir sur le territoire américain dans un but pur de maintien de l'ordre ou d'application des lois; mais elle peut jouer un rôle d'assistance et de soutien, notamment pour contrôler la frontière.

ALENA en jeu

Donald Trump fait monter la pression depuis ce week-end sur le Mexique et le Congrès américain pour qu'ils agissent chacun afin d'empêcher l'arrivée de clandestins aux États-Unis --un regain d'intérêt déclenché par les images d'une caravane de migrants d'Amérique centrale, principalement honduriens, déterminés à rejoindre les États-Unis et se trouvant pour l'instant dans le sud du Mexique.

Ils ne sont qu'un millier environ, mais ont déjà provoqué plusieurs tweets du milliardaire, estimant qu'il revient au Mexique de les arrêter.

Il a mis la renégociation du traité de libre-échange nord-américain ALENA dans la balance... et s'est félicité que le Mexique ait apparemment agi à sa demande: «Je crois qu'ils le font, en tout cas il y a douze minutes, (la caravane) était en train d'être démantelée».

Il a en outre accusé Barack Obama d'avoir «fait des changements ayant tout simplement conduit à une absence de frontière», sans qu'on sache à quoi il faisait allusion. Mais il a souvent accusé le président démocrate de laxisme dans l'application des lois migratoires.

Il veut aussi que le Congrès affaiblisse les droits des réfugiés et des migrants. Le républicain se plaint de la pratique consistant à relâcher les clandestins interpellés, le temps d'attendre leur comparution devant un tribunal, ce qui peut prendre des mois voire des années.

«Nous avons besoin d'un mur qui mesure 1100/1300 kilomètres» le long de la frontière, a-t-il conclu. Actuellement, seules quelques centaines de kilomètres de la frontière de 3200 km sont sécurisées par une forme ou une autre de clôture. Mais le Congrès a jusqu'à présent refusé de dégager les crédits nécessaires à l'érection du grand mur en béton voulu par le milliardaire.

AP

Des membres de la Garde nationale californienne travaillent le long du mur frontalier, près de San Diego, en juin 2006.

«À cause de Trump»

La caravane de migrants, qui se déplace en autocars, était organisée par une ONG, qui avait déjà fait de même les années précédentes. Elle est partie le 25 mars de Tapachula, à la frontière du Guatemala.

Elle inclut des femmes, des enfants et des personnes âgées, et se trouve depuis le début de la semaine à Matias Romero, au coeur d'une région montagneuse de l'État d'Oaxaca.

Ils ont passé la nuit dans des parcs et un terrain de sport, dormant sur des couvertures à même le sol, entourés de sacs en plastique et de valises.

Leur objectif est d'entrer aux États-Unis, mais un dialogue semble s'être installé entre les militants des droits de l'homme et les autorités migratoires mexicaines (INM). Selon ce militant, les autorités mexicaines n'ont pas fait obstacle à la progression du groupe même si la rencontre avec l'INM avait des allures de mise en garde.

«Ils nous disent "Divisez-vous, soyez toujours moins nombreux". C'est à cause de Trump, il y a beaucoup de pression sur le Mexique. Ils nous ont laissé entendre que si (la caravane) continuait à avoir la même taille et à être suivie par les médias, ils pourraient prendre des mesures».

AFP

Des migrants de la caravane se lavent lors d'un arrêt dans la ville de Matias Romero, dans le sud du Mexique.