La magistrate et doyenne de la Cour suprême américaine Ruth Bader Ginsburg a fêté ses 85 ans jeudi, quelques semaines avant la sortie d'un film documentaire qui lui est consacré, témoignant de son étonnante popularité.

«RBG», ainsi qu'on la surnomme, est devenue malgré elle une icône des réseaux sociaux. Sa longévité à la haute cour, où elle a été nommée en 1993 par le président Bill Clinton, contribue à alimenter sa légende.

La semaine dernière a été dévoilée la bande-annonce d'un film intitulé RBG, qui sortira le 4 mai, dans lequel ont voit l'octogénaire, vêtue d'un survêtement, soulever des haltères ou faire la planche sur un tapis de gymnastique.

Des images de la vie privée qui tranchent avec la discrétion et l'austérité traditionnellement associées aux neuf juges de la Cour suprême, qui demeurent normalement peu connus des Américains.

Ruth Bader Ginsburg, elle, déplace des foules au moindre colloque où elle est invitée, quelle que soit l'aridité des sujets juridiques au menu des débats.

La magistrate progressiste ne peut pas faire un pas sans que des fans l'arrêtent pour un selfie. Son visage sévère s'affiche sur des sacs de plage, des pins, des t-shirts, des albums pour enfants ou des tasses à café.

Cette popularité durable s'explique car la juge Ginsburg fut une pionnière de la lutte pour l'émancipation des femmes, dans les années 1970. Et, depuis, elle a épousé d'autres évolutions de la société américaine, se rapprochant des jeunes sur des questions comme l'avortement ou le mariage homosexuel.

Elle a conforté sa réputation de franc-tireur en s'affranchissant de son devoir de réserve pour traiter d'«imposteur» Donald Trump, dont elle a raillé l'«égocentrisme». Des propos prononcés en 2016 qu'elle a dit regretter.

À 85 ans, «RBG» n'a encore livré aucun signe montrant qu'elle envisageait de prendre sa retraite de la Cour suprême, où elle peut siéger à vie.

Les démocrates américains prient pour qu'elle conserve sa vitalité le plus longtemps possible car, si elle venait à partir, le président Trump la remplacerait par un juge conservateur.