Un démocrate pourrait l'emporter mardi lors d'une élection législative partielle dans une circonscription de Pennsylvanie qui a plébiscité Donald Trump en 2016... un scrutin très symbolique en forme de référendum sur le 45e président des États-Unis.

Ce coin de Pennsylvanie est un ancien haut-lieu industriel, ex-capitale sidérurgique et charbonnière de la «Ceinture de la rouille» américaine, autour de Pittsburgh. La région est devenue conservatrice et a constamment réélu le même représentant républicain depuis 2002, jusqu'à sa démission récente en raison d'un scandale personnel.

Le candidat républicain, Rick Saccone, 60 ans, est un allié conservateur de Donald Trump, qui est venu le soutenir en personne samedi lors d'un meeting. Le président a battu Hillary Clinton de 22 points ici en novembre 2016, récompensé pour son discours pro-industriel.

Mais le candidat démocrate Conor Lamb, un ancien procureur et avocat militaire de 33 ans, fait jeu égal avec le républicain dans les sondages, un exploit qui a fait souffler un vent de panique chez les républicains et déclenché un déluge d'argent d'organisations conservatrices.

«Si les démocrates arrivent à gagner ou frôlent la victoire, cela déclenchera une déflagration dans le monde politique», dit Kevan Yenerall, professeur de science politique à l'Université Clarion, lors d'une entrevue dans la ville de Mount Lebanon.

«Cela les aidera à lever plus de fonds et à recruter des militants, et cela créera une dynamique pour les élections de mi-mandat» en novembre, dit-il.

Les républicains dominent aujourd'hui les deux chambres du Congrès. La totalité de la Chambre des représentants et un peu plus du tiers du Sénat seront renouvelés en novembre. Les démocrates espèrent faire basculer la Chambre, voire le Sénat, bien que le combat y soit plus rude car les États organisant des sénatoriales cette année sont plus conservateurs.

«Votez comme des fous»

«C'est une élection difficile», a reconnu le président américain samedi soir à son meeting, devant des milliers de partisans à Moon Township. «Mais souvenez-vous, le monde entier vous regarde... Allez tous voter comme des fous mardi».

L'appui d'un président est un coup de pouce bienvenue pour des candidats cherchant à mobiliser leur base électorale.

Mais l'essor du jeune candidat démocrate est également dû à la mauvaise image du milliardaire dans la circonscription, dit un membre démocrate du Congrès, Michael Doyle.

«C'est leur dernière bataille», dit-il à l'AFP en parlant des républicains. «Pour moi, ils sont rongés par le remords».

«Cette élection est un référendum sur la présidence Trump», clame encore plus directement le comité national de la campagne des législatives des démocrates (DCCC).

Pour gagner, les bénévoles démocrates ont frappé aux portes de quartiers où ils n'osaient plus aller depuis des années.

Conor Lamb a des racines ouvrières, dans une famille longtemps active dans la politique locale. Il est plutôt conservateur sur les questions de sociétés, et n'épouse pas l'orthodoxie progressiste en matière économique.

Comme son adversaire républicain, il soutient les droits de douane sur l'acier et l'aluminium étrangers annoncés récemment par le président, auxquels la grande majorité des élus républicains et démocrates du Congrès s'opposent.

À une réunion récente du syndicat métallurgique United Steelworkers, qui le soutient, Conor Lamb évitait tout excès hyper partisan.

«Alors qu'ils essaient de nous diviser et que notre pays est déjà extrêmement déchiré, nous sommes rassemblés dans cette circonscription pour la première fois depuis longtemps», a lancé le candidat.

Pour Rick Saccone, le républicain, l'urgence était palpable dans son appel aux électeurs.

«C'est le moment de clore l'affaire. Il ne reste que deux jours», a-t-il lancé lors du meeting avec Donald Trump.

Effet boule de neige ?

«Nous ne cherchons qu'à sauver le rêve américain, pas à devenir riches. C'est ce que comprend et dit M. Lamb. Et si on peut gagner dans notre État, on peut lancer un effet boule de neige», dit Colleen Wooten, membre du syndicat.

Mais cet effet boule de neige est attendu depuis l'an dernier.

D'un côté, les démocrates n'ont conquis aucun siège lors des élections législatives partielles pour la Chambre convoquées depuis l'accession au pouvoir de Donald Trump, même si leurs candidats ont souvent réalisé des scores inédits, dans des circonscriptions très ancrées à droite en Géorgie, dans le Kansas ou le Montana.

En revanche, les démocrates ont remporté des victoires nettes lors d'élections pour des postes de gouverneurs, notamment en Virginie, et surtout à la sénatoriale de l'Alabama en décembre.