Le protestantisme évangélique, incarné pendant des décennies par le pasteur Billy Graham auquel les États-Unis rendent un rare hommage national après son récent décès, parvient à conserver ses fidèles quand d'autres branches du Christianisme perdent leurs ouailles, dans un pays encore profondément croyant.

«Le paysage religieux américain est en train de subir une évolution assez importante», a estimé Greg Smith, directeur de recherche à l'institut Pew Research Center, auteur de deux enquêtes sur la religion aux États-Unis.

«Les données suggèrent que le pays devient, modérément mais visiblement, de moins en moins religieux de diverses façons», a-t-il expliqué. «La part d'Américains s'identifiant à une religion - et surtout, la part d'Américains s'identifiant au Christianisme - est en baisse», a-t-il poursuivi.

Le christianisme reste, de loin, la religion la plus populaire aux États-Unis: 70,6% des Américains s'identifient comme chrétiens, selon une étude de 2014 de Pew sur le paysage religieux dans le pays.

Mais en baisse par rapport à la précédente étude menée en 2007 où ils étaient 78,4%. Le nombre d'Américains disant n'appartenir à aucune religion a augmenté sur cette période, passant de 16,1% à 22,8%.

Au sein même du christianisme, les différentes branches ont connu des évolutions contrastées en sept ans.

Ainsi, les protestants évangéliques - groupe religieux le plus dense - représentaient 25,4% des Américains en 2014, contre 26,3% en 2007.

D'après l'étude la plus récente, 20,8% des chrétiens américains étaient catholiques (23,9% en 2007), 14,7% étaient protestants traditionnels (18,1% en 2007) et 6,5% étaient protestants appartenant à la «Black Church» (églises noires), contre 6,9% sept ans plus tôt.

Les mormons (1,6%), chrétiens orthodoxes (0.5%) et témoins de Jéhovah (0.8%) figurent en bas du tableau.

Parmi les non-chrétiens (5,9%, contre 4,7% en 2007), 1,9% des Américains sont juifs, 0,9% musulmans, 0,7% hindous et 0,7% bouddhistes.

«Pays très religieux»

Pour l'enquête Religious Landscape Survey réalisée en 2014, plus de 35 000 Américains habitant dans les 50 États du pays ont été interrogés.

Pour M. Smith, cette étude a révélé plusieurs tendances intéressantes au cours des dernières années, comme «la part d'Américains disant qu'ils n'ont pas de religion (qui) a progressé».

Ou encore: la population chrétienne qui s'identifie protestante évangélique - 62 millions d'Américains en 2014 - est restée relativement stable, diminuant de simplement 0,9 point de pourcentage entre 2007 et 2014.

Mais, sur la même période, les catholiques et les protestants traditionnels ont chacun subi un recul de leur effectif supérieur à trois points.

«Il y a une nouvelle génération de jeunes adultes, les milléniaux, qui sont bien moins religieux et bien moins connectés à la religion que ne l'étaient leurs parents et grands-parents avant eux», a relevé M. Smith.

Reste que malgré l'apparente diminution de la population chrétienne et l'augmentation des Américains ne se rattachant à aucune religion, les États-Unis demeurent un «pays très religieux», a remarqué le chercheur.

Selon lui, «c'est un pays où la grande majorité des gens - neuf sur dix - nous confient qu'ils croient en Dieu, où la plupart des personnes disent que la religion occupe une place très importante dans leur vie et où la plupart des individus disent qu'ils prient tous les jours».