Un Saoudien détenu à la prison militaire américaine de Guantanamo, condamné dans l'attentat à la bombe contre le pétrolier français Limburg en 2002, est en mesure d'être transféré «bientôt» en Arabie saoudite, a indiqué mardi le Pentagone.

Si ce transfert devait se concrétiser, Ahmed Mohammed Ahmed Haza al-Darbi serait le premier à quitter ce centre de détention depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2017.

La commandante Sarah Higgins, une porte-parole du Pentagone, a rapporté que le ministère de la Défense espérait que le transfert «aura lieu bientôt».

M. Al-Darbi collabore avec les autorités américaines depuis qu'il a plaidé coupable, il y a quatre ans, d'avoir planifié et aidé à la mise en oeuvre de l'attaque contre le Limburg dans le Golfe d'Aden en 2002. Un marin bulgare avait été tué et douze autre personnes blessées.

Emprisonné à Guantanamo en 2002, le Saoudien avait été condamné à 13 ans de prison en octobre 2017, le début de sa peine ayant été fixé à la date de son plaider-coupable.

L'accord comprenait une disposition selon laquelle, après quatre années passées à Guantanamo à partir de son plaider-coupable, M. Al-Darbi pourrait terminer sa peine dans une structure de déradicalisation pour djihadistes en Arabie saoudite, le Centre de conseil et d'orientation Mohammed ben Nayef.

Sa sortie de Guantanamo peut donc intervenir à tout moment à partir du mardi 20 février 2018.

«Nous attendons des garanties de la part du gouvernement d'Arabie saoudite pour avancer sur son départ», a ajouté Sarah Higgins.

Avec cet accord de plaider-coupable M. Al-Darbi avait aussi fourni des preuves contre un autre détenu du centre de détention situé sur l'île de Cuba, Abd al-Rahim al-Nashiri. Ce Saoudien est considéré comme le cerveau de l'attentat contre le pétrolier Limburg en 2002 et de l'attaque contre le navire américain USS Cole en 2000. Cet attentat au large du Yémen avait tué 17 Américains. M. Al-Nashiri encourt la peine de mort.

Abd al-Rahim al-Nashiri et d'autres prisonniers de Guantanamo Bay ne sont pas jugés par des tribunaux civils américains mais par des commissions militaires.

Leurs cas ont soulevé des contestations judiciaires et des délais interminables.

Khalid Sheikh Mohammed par exemple, le cerveau présumé des attentats du 11-Septembre, attend toujours d'être jugé.

Vendredi dernier, le procès Abd al-Rahim al-Nashiri a été reporté. Le juge militaire Vance Spath a interrompu l'audience, agacé de ne pas pouvoir faire venir les principaux avocats de M. Al-Nashiri au tribunal.

L'année dernière, ses avocats avaient estimé que leurs conversations, normalement protégées par le secret professionnel, avec leur client ou à son sujet, avaient été surveillées par le gouvernement et qu'ils ne pouvaient pas poursuivre sa défense.

Cinq prisonniers - sans compter Al-Darbi - sur les 41 encore à Guantanamo, étaient déjà prêts à être transférés avant le départ de Barack Obama de la Maison-Blanche. Mais les efforts pour les faire sortir avant la prise de fonctions de M. Trump ont échoué à la dernière minute.

Depuis sa campagne, M. Trump ne cache pas son intention d'envoyer davantage de prisonniers dans ce centre de détention situé sur une base navale américaine sur l'île de Cuba.

AP

Ahmed Mohammed Ahmed Haza al-Darbi