Anthony Davis a passé des années hors de sa ville natale de Chicago, avant d'y revenir il y a peu pour s'occuper de son père âgé. En s'installant, il a découvert une cité méconnaissable où la violence par armes à feu atteint des sommets.

Si le nombre d'homicides y a diminué en 2017, Chicago reste la ville américaine où l'on déplore le plus de meurtres, 635 dénombrés à la mi-décembre. Pourtant « en grandissant, il n'y avait pratiquement pas de violence par armes à feu », se remémore Anthony Davis.

« Tout le monde se connaissait », raconte à l'AFP ce quinquagénaire qui travaille à l'hôpital Loyola et réside dans le South Side, un quartier où vit une majorité de Noirs et qui était très animé durant sa jeunesse.

Aujourd'hui, de nombreuses maisons abandonnées y ponctuent le paysage et la violence a atteint des niveaux que l'on n'avait plus vus depuis les années 1990, lorsque l'épidémie de crack ravageait les États-Unis.

L'année 2016 a constitué un record en près de 20 ans, mais le nombre de meurtres a depuis diminué de 15 %, tandis que les incidents impliquant des armes à feu ont baissé de 21 %, avec un total de 2719 relevés en 2017, selon les chiffres de la police.

« Des communautés qui étaient engluées dans la violence par armes à feu sont en train de commencer à voir des signes d'optimisme et d'espoir », a souligné ce mois-ci le chef de la police, Eddie Johnson.

Armes de plus en plus puissantes

En proportion (nombre de meurtres pour 100 000 habitants), d'autres villes américaines comme St. Louis, Baltimore ou Detroit connaissent une criminalité plus élevée, mais Chicago étant la troisième ville la plus peuplée du pays, le nombre de meurtres y est naturellement plus important.

Pourtant, il est difficile d'expliquer pourquoi le total des meurtres à New York et Los Angeles (les deux plus grandes villes américaines) ne correspond qu'à environ la moitié de ceux commis à Chicago.

La police pointe du doigt des armes de plus en plus puissantes, des fusils d'assaut de type militaire, qui auraient conduit à des mises en garde dans certains quartiers contre des fusils capables de transpercer les gilets pare-balles des officiers, rapporte le Chicago Tribune.

Des responsables s'alarment eux du nombre d'armes en circulation, avec plus de 8600 fusils détenus illégalement saisis par la police en 2017, un record national.

« Devenir propriétaire »

Pour contrer cette violence, 1100 policiers supplémentaires ont été recrutés cette année et des nouvelles technologies ont été mises à contribution.

Des appareils capables de détecter les coups de feu, avant même que la population n'alerte la police, aident ainsi les forces de l'ordre, qui ont par ailleurs recours aux réseaux sociaux pour identifier des criminels.

En décembre, elles ont infiltré un groupe Facebook privé où s'échangeaient armes et drogues, conduisant à des dizaines d'arrestations. Et le porte-parole de la police Anthony Guglielmi a affirmé qu'une rencontre était prévue en janvier entre des représentants du réseau social et des responsables de la ville pour « améliorer la collaboration dans le but de faire cesser les activités illégales en ligne avant qu'elles n'engendrent de la violence dans nos rues ».

Des habitants de la ville estiment eux que de meilleures opportunités pour la population seraient plus efficaces pour traiter le mal à la racine.

« Des opportunités pour trouver un emploi, pour accéder à l'enseignement supérieur, pour devenir propriétaire », énumère Asiaha Butler qui dirige une association de quartier dans le South Side.

« Dans mon pâté de maisons, il y a eu plusieurs incidents avec des armes à feu au début de l'été, mais depuis plus rien », se réjouit toutefois Mme Butler à propos de l'un des quartiers les plus touchés par la violence.