Les enquêteurs épluchaient samedi le passé de l'ex-Marine américain arrêté la veille pour avoir fomenté un attentat inspiré par le groupe État islamique visant à faire exploser un haut-lieu du tourisme à San Francisco, en pleine période de Noël.

Le procès-verbal de la police fédérale transmis à un tribunal de Californie, où Everitt Aaron Jameson doit comparaître le 5 janvier, révèle également que ce chauffeur de camion âgé de 26 ans aurait pu passer entre les mailles du filet en raison d'une bourde du FBI.

L'aspirant djihadiste, inculpé pour tentative de soutien matériel à une organisation terroriste étrangère, encourt 20 ans de réclusion : il voulait, selon le document judiciaire, commettre un carnage en faisant exploser le très célèbre Pier 39, une jetée très touristique prise d'assaut pendant les fêtes pour ses restaurants et boutiques donnant sur la baie de San Francisco.

La date choisie pour l'attentat, entre le 18 et le 25 décembre, devait marquer les esprits : « Noël est le jour parfait pour commettre un attentat », aurait confié cet ancien militaire et tireur d'élite à l'agent du FBI sous couverture qui lui servait de contact, et qu'il pensait être un haut responsable du groupe djihadiste.

Jamais, assure la police fédérale, cet ancien militaire « prêt à mourir » en martyre n'a présenté un danger concret, car il a été repéré tôt par le FBI. Les enquêteurs ont perquisitionné son domicile de Modesto, quelque 130 kilomètres plus à l'est, mettant la main sur un testament, des armes et des munitions.

« J'ai changé d'avis »

Dans une lettre retrouvée chez lui, le suspect écrit : « Vous avez permis à Donald Trump de faire don d'Al Quds [Jérusalem] aux juifs », en référence à la décision très controversée du président américain de reconnaître la ville sainte comme la capitale d'Israël.

Mais malgré des intentions très clairement exprimées à plusieurs reprises, l'erreur d'un employé du FBI a bien failli compromettre l'opération policière.

Selon le même procès-verbal rédigé par l'agent spécial Christopher McKinney, l'agent sous couverture échangeait régulièrement avec le suspect qui s'était félicité de plusieurs attentats réussis sur le sol américain. Et il ne cachait pas son envie : « N'importe quoi. Dis-leur n'importe quoi... Je suis prêt. Donne le feu vert et ce sera fait ».

Le lundi 18 décembre, écrit toutefois l'agent McKinney, un employé de la police fédérale a appelé Everitt Aaron Jameson sur son portable avec son numéro qui affichait le préfixe téléphonique de la capitale Washington. Il a raccroché immédiatement lorsque le suspect a répondu, apparemment en langue arabe.

Ce dernier a alors rappelé et est tombé sur la boîte vocale de l'employé, qui mentionnait son nom mais pas le FBI.

De quoi attiser sa suspicion. Ce même soir, le djihadiste présumé a dit à l'agent sous couverture : « Je ne pense que je puisse le faire tout bien réfléchi. J'ai changé d'avis ». Il a quand même été arrêté quatre jours plus tard.