Donald Trump décline lundi, lors d'un discours à Washington, son célèbre slogan «America First» à l'aune des menaces qui pèsent sur les États-Unis, avec la volonté de placer le combat économique au coeur de sa réponse.

Le président américain, qui, du climat au libre-échange, a marqué une nette rupture avec son prédécesseur Barack Obama et contribué à isoler les États-Unis sur la scène internationale, présente sa «Stratégie de sécurité nationale», épais document qui passe en revue les défis auxquels les États-Unis sont confrontés.

Le texte affirmera la conviction de l'administration que la compétitivité économique est «un sujet de sécurité nationale», a indiqué un responsable américain, martelant la détermination de l'administration à lutter pour des échanges équilibrés, en particulier avec la Chine.

«La meilleure arme dont nous disposons est la force de notre PIB», a ajouté ce responsable, citant une phrase du secrétaire américain à la Défense Jim Mattis.

Selon la même source, au-delà de l'accent mis sur le combat économique, l'approche de M. Trump se démarque de celles de ses prédécesseurs - démocrates comme républicains - sur la question de la sécurité intérieure et du contrôle aux frontières.

Le document rédigé par l'administration Trump, qui sera dévoilé après le discours du président, identifie quatre priorités vitales: protéger le territoire américain, promouvoir la prospérité américaine, préserver la paix grâce à la force et faire progresser l'influence américaine.

Fin septembre à l'ONU, M. Trump avait, dans un discours d'une violence rare dans cette enceinte, martelé sur tous les tons son attachement à la «souveraineté» de l'Amérique dans une remise en cause au moins partielle du fonctionnement multilatéral tel qu'il existe.

Mais son discours enflammé n'avait pas permis de dégager une véritable «doctrine Trump» sur la place des États-Unis dans le monde.

Le climat pas prioritaire

Interrogé sur la place du changement climatique dans ce document-référence, l'exécutif a indiqué qu'il n'était pas identifié comme «une menace à la sécurité nationale» des États-Unis.

Porté au pouvoir sur un message résolument climato-sceptique, Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le changement climatique signé par près de 200 pays.

À plusieurs reprises, M. Obama, un des principaux architectes de cet accord, avait souligné combien le défi climatique était devenu un enjeu de sécurité.

«À travers le monde, le changement climatique augmente les risques d'instabilité et de conflits», avait-il lancé un an avant de quitter le pouvoir. «Ne vous y trompez pas, il aura un impact sur la façon dont notre armée doit défendre notre pays», avait-il ajouté, évoquant de profonds ajustements dans l'organisation, l'entraînement et la protection des infrastructures.

Le dernier document sur la stratégie de sécurité nationale a été publié en février 2015. À cette occasion, Barack Obama avait longuement mis en garde contre la tentation de décisions hâtives dans la gestion des crises internationales.

«Dans un monde complexe, nombre de questions de sécurité auxquelles nous sommes confrontés ne se prêtent pas à des réponses faciles et rapides», écrivait-il, appelant à faire preuve de «patience stratégique et de persévérance».