L'incendie qui a détruit six demeures luxueuses à Bel-Air a été causé par un réchaud dans un campement de sans-abri selon les pompiers, signe que la crise des sans-abri à Los Angeles rattrape même les beaux quartiers.

L'incendie de Skirball, qui a réduit en cendres des maisons valant des millions de dollars dans une enclave fermée au public du quartier de Bel-Air, prisé des célébrités et grandes fortunes, était presque totalement éteint mercredi, ont indiqué les autorités de la mégapole californienne.

L'enquête a établi qu'il avait été causé par «un feu de cuisson illégal» dans un campement de sans-abri près d'une aire couverte de buissons et arbres, près de l'une des entrées des zones les plus privées de Bel-Air, fermée aux visiteurs par de lourdes grilles. C'est notamment là que se trouve la propriété du magnat des médias Rupert Murdoch, qui comprend un vignoble.

Personne ne se trouvait sur le lieu d'origine du brasier quand les pompiers sont arrivés et personne n'a été arrêté. Le feu a avalé près de 200 hectares depuis qu'il a démarré le 6 décembre. Il a forcé 700 personnes à évacuer y compris des célébrités comme le mannequin Chrissy Teigen.

«On a essayé de maintenir les campements de sans-abri hors des collines» couvertes de végétation «particulièrement en cette période parce que nous savons que ce sont les pires conditions (...) pour les incendies que nous ayons eues depuis des décennies, avec une très faible humidité et des vents très forts», a commenté Paul Koretz, l'un des membres du conseil municipal de Los Angeles.

«Nous ne savions pas que ce campement se trouvait là, autrement nous les aurions encouragés à partir», ajoute-t-il. Mais «ce qui rend cela encore plus (triste), c'est la tragédie des sans-abri, le fait qu'on ait des dizaines de milliers de gens qui vivent dans la rue. Ça veut dire que des choses comme ça vont se reproduire si on ne s'attaque pas au problème».

De son côté, le gigantesque incendie de Thomas, plus haut vers Santa Barbara sur la côté californienne, n'était maîtrisé qu'à 25% dix jours après son départ.

Il a déjà calciné plus de 100 000 hectares, près de 1000 bâtiments dont une majorité de maisons individuelles, et en menaçait encore 18 000 d'après l'agence de lutte contre les incendies Calfire.

Des flammes comme des gratte-ciel

À Santa Barbara, petite ville pimpante au bord du Pacifique entourée de montagnes verdoyantes, l'une des plus touristiques en Californie, la vie était à l'arrêt. De nombreux magasins étaient fermés, citant l'air vicié et les multiples interruptions de courant.

Les touristes avaient déserté la ville et les habitants se promenaient masque respiratoire sur le visage, dans une atmosphère post-apocalyptique.

Fred Graham, un franco-américain de 61 ans installé à proximité de la ville voisine de Montecito, a décidé de partir dimanche, inquiet à l'idée de se retrouver «encerclé par le feu».

«Il a commencé à neiger des cendres» dans la nuit de samedi à dimanche, pendant laquelle il a été réveillé par plusieurs appels d'urgence prévenant des évacuations obligatoires et volontaires, a-t-il raconté à l'AFP.

«L'air devenait insupportable, on ne pouvait rester à l'extérieur sans masque, il y avait une forte odeur de bois brûlé, on voyait à peine le soleil réduit à un petit point orange», poursuit-il.

«Plutôt que de repasser des nuits blanches on a décidé de s'installer à Los Angeles», à environ 160 kilomètres de là, a-t-il expliqué.

«Quand on est partis dimanche, il n'y avait quasiment personne à Montecito, c'était du jamais vu, tous les restaurants et magasins étaient fermés sauf la station d'essence». Sur la route devant lui se sont dressées «des flammes de la taille de gratte-ciel, c'était incroyable».