Comment les récents incendies de Californie ont-ils pu provoquer autant de décès et de destructions dans une région si cossue et touristique? Les experts avancent un cocktail explosif de vents puissants et de sécheresse, pointant aussi du doigt la compagnie électrique PG&E.

«C'est vraiment historique par le nombre de décès et les pertes pécuniaires le seront aussi», constate Lynne Tolmachoff, porte-parole de l'agence californienne de prévention des feux Calfire, interrogée par l'AFP.

Les autorités enquêtent toujours pour savoir quelle est l'origine des 17 feux qui ont démarré presque simultanément en pleine nuit il y a deux semaines, avec des vents soufflant jusqu'à 120 kilomètres/heure qui ont transformé branches mortes et herbes séchées en boules de feu.

Quarante-deux personnes ont trouvé la mort et plus de 7000 bâtiments ou maisons ont été réduits en cendres, en particulier dans les célèbres régions viticoles de Sonoma et Napa, où de nombreux résidants ont tout perdu.

«La cause du feu est encore en train d'être étudiée» par les enquêteurs, mais «le problème est moins ce qui a causé les incendies que ce qui les a propagés», affirme Lynne Tolmachoff.

«Nous étions en alerte rouge, avec des vents très forts attendus» qui ont poussé les flammes vers des zones très peuplées, souligne-t-elle. Facteur aggravant: l'hiver pluvieux a favorisé la pousse d'herbes folles un peu partout, devenues un carburant volatil à la saison sèche.

Question de vie ou de mort

Malgré ces conditions dangereuses, les autorités sont perplexes sur l'ampleur des destructions. Mme Tolmachoff cite l'exemple d'un hypermarché Kmart, «un bâtiment en béton au milieu d'un stationnement», qui a été malgré tout carbonisé: «les gens se demandent vraiment comment ça a pu arriver», vu la vitesse de propagation de ces feux simultanés qui se sont déclenchés en pleine nuit, beaucoup de résidants dormaient, ne regardaient pas les informations ou les alertes sur leur téléphone et ils n'ont pas pu être prévenus à temps. Ils ont souvent dû évacuer de toute urgence, parfois en quelques minutes seulement.

Un grand nombre sont morts dans leur sommeil, notamment des personnes âgées.

«Beaucoup de pompiers ont dû arrêter de combattre le feu pour aider à évacuer les gens. C'était une question de vie ou de mort», poursuit Mme Tolmachoff.

«Plus de 100 000 hectares ont brûlé en seulement une semaine, nous avons sans aucun doute pulvérisé beaucoup de records sans le vouloir», déplore-t-elle.

Les régions cossues de Napa et Sonoma, couvertes de vignes et figurant parmi les plus touristiques du pays, ont subi d'importants dégâts qui vont se chiffrer en milliards de dollars.

«C'est une zone de guerre ici avec des barrières policières», a expliqué à l'AFP Cushing Donelan, l'un des exploitants du vignoble familial qui porte son patronyme à Santa Rosa, dans la région de Sonoma.

Beaucoup de résidants sont encore évacués, d'autres reviennent pour trouver leur maison et toutes leurs possessions rasées par les flammes. «Les gens ressentent beaucoup de tristesse d'avoir tout perdu, et de la gratitude pour être encore en vie, mais beaucoup se sont plaints que les alertes n'aient pas été plus efficaces», ajoute-t-il.

«À un moment donné, quelqu'un ou une entreprise devra être tenu responsable. Peut-être PG&E, la société d'électricité. Ils auraient peut-être pu en faire plus en termes de réparations et de maintenance de leur réseau», conclut M. Donelan.

William Stuart, co-directeur du centre de recherche sur les incendies à l'université de Berkeley, s'attend à ce que les autorités recherchent «d'éventuels signes d'incendies criminels, mais la plupart des indices pointent des lignes électriques abattues» par les vents.

PG&E a chuté en Bourse après avoir révélé que les autorités californiennes étudiaient le possible rôle joué par ses lignes de courant et ses installations dans les brasiers ravageurs des derniers jours.