Plusieurs milliers de manifestants ont défilé samedi à Washington pour réclamer une plus grande justice raciale après une série de brutalités policières contre des Noirs non sanctionnées par la justice.

Des groupes de jeunes gens brandissant des pancartes se sont rassemblés calmement dans un square de la capitale américaine, avant de défiler vers le Capitole, où siègent les parlementaires américains. Ils ont été rejoints sur le trajet par un autre groupe, la «Marche pour les femmes noires», avant d'atteindre le Mall, cette grande esplanade du centre de Washington bordant le Capitole et la Maison-Blanche.

«Le fait que ça se passe au Capitole, et devant Trump, fait partie» des raisons pour lesquelles Jenny, une fonctionnaire de 44 ans, indique avoir décidé de participer pour la première fois à une manifestation de ce genre. «La seule façon pour qu'il voie quoi que ce soit, c'est de se planter devant lui», a-t-elle ajouté en référence au président américain Donald Trump, qui passait le week-end dans son golf de Bedminster dans le New Jersey, près de New York.

«Nous avons un système judiciaire qui maintient les Noirs et les Hispaniques dans la servitude à perpétuité», a affirmé à l'AFP Maurice Cook, 46 ans, un des organisateurs de cette manifestation ayant reçu le soutien de plusieurs associations et organisations nationales comme «Black Lives Latter» ou la grande organisation féministe NOW.

Sur son site, l'organisation M4RC (March for racial justice) explique appeler à «une révision de la législation, des politiques et des pratiques qui aggravent les inégalités, déshumanisent les gens de couleur et qui maintiennent une suprématie blanche».

Justice à deux vitesses

La date a été choisie pour commémorer le Massacre d'Elaine, dans l'Arkansas, le conflit racial le plus meurtrier des États-Unis. Le 30 septembre 1919, de 100 à 240 Noirs avaient été tués au cours d'émeutes après la tentative d'un groupe de fermiers afro-américains de créer un syndicat. Les suites judiciaires n'avaient visé que des Noirs.

Plusieurs affaires emblématiques ces dernières années ont donné l'image d'un justice américaine à deux vitesses, toujours défavorable à la communauté afro-américaine.

Le 12 septembre, le ministère américain de la Justice a ainsi décidé de ne pas engager de poursuites contre six agents de la police de Baltimore, dans le cadre de l'enquête fédérale ouverte après la mort de Freddie Gray, un jeune Noir mortellement blessé dans un fourgon de police en 2015.

Trois jours plus tard, un juge de Saint-Louis dans le centre des États-Unis, exonérait un ancien officier de police, blanc, des accusations de meurtre contre Anthony Lamar Smith, trafiquant de drogue présumé, noir, tué en 2011 au terme d'une course-poursuite avec la police.

Le verdict avait provoqué des manifestations à Saint-Louis, lieu d'émeutes en 2014 après la mort de Michael Brown,  un jeune 18 ans non armé, tué par un policier blanc qui avait échappé à toutes poursuites pénales.