«Mesdames et messieurs, voici Beyoncé!» lance l'agent White au micro, devant quelques évacués venus passer le temps dans la cafétéria de l'école secondaire Middleton.

La jeune femme qu'il a présentée comme Beyoncé - une bénévole du refuge qui n'a pas grand-chose en commun avec la chanteuse populaire - rit timidement et décline poliment l'invitation de l'agent White à chanter au micro.

Qu'à cela ne tienne, le policier entame lui-même le tube Celebration, faisant sourire l'assistance. Il n'y va pas a cappella : il met la chanson sur son téléphone intelligent et colle celui-ci sur le micro. Ses collègues policiers le regardent avec amusement. Sur les murs, des écrans de télévision projettent les dernières nouvelles de la progression du cyclone, au sud de la Floride.

Malgré l'arrivée imminente de l'ouragan Irma, qui doit frapper la région de Tampa cette nuit, le moral est bon parmi les gens venus se réfugier à l'école secondaire Middleton, à East Tampa, un quartier défavorisé composé à 84% d'Afro-Américains. 

Un peu plus tôt, l'agent Anthony Hamlin, de la police de Tampa, nous a confié que le rôle des policiers dans ce genre de situation est notamment de maintenir le moral des troupes. Plusieurs personnes craignent carrément de perdre leur maison au passage du cyclone. 

«Il faut demeurer des modèles positifs pour les gens. On ne veut pas qu'ils deviennent agités ou anxieux. Après quelques jours, l'humeur peut changer», dit-il, rappelant que les portes de l'école seront verrouillées lorsque la tempête commencera à faire rage. «C'est une question de sécurité, on ne veut pas que les gens sortent en pleine tempête. »

À 16h dimanche, la pluie tombait sur Tampa, et le vent soufflait modérément, mais les portes de l'école secondaire Middleton n'avaient toujours pas été verrouillées. Les résidents - environ 1600 sur une capacité initiale de 1000 - pouvaient encore se promener à l'extérieur. L'école Middleton est composée de trois bâtiments rose-beige reliés par une cour intérieure gazonnée et parsemée d'arbres. 

Dans la cafétéria, les bénévoles continuaient toujours à accueillir les retardataires qui se sont décidés tard à venir passer la nuit dans un centre d'hébergement. 

C'était le cas de la famille Gonzalez, composée de Rolando, de sa femme, de sa belle-mère de 95 ans et de son fils.

Quelques minutes après son arrivée, Rolando Gonzalez pianotait nerveusement sur son téléphone cellulaire, l'air inquiet. «On a oublié l'insuline de ma belle-mère à la maison», a-t-il dit. Son fils est parti en coup de vent chercher les médicaments, tout en s'assurant qu'on lui ouvrirait la barrière à l'entrée à son retour. 

À leur arrivée, les gens venus trouver refuge pour la nuit se font attribuer un numéro, celui de la salle de classe où ils mettront leurs affaires et dormiront. À l'intercom, la directrice de l'école, Kim Moore, a invité les gens à accueillir les nouveaux venus «comme si c'était des membres de la famille». 

Rolando Gonzalez convient qu'il aurait pu venir plus tôt. «Les chaines de télévision relayaient des informations contradictoires par rapport à la force qu'aurait l'ouragan rendu à Tampa, se justifie-t-il. Force 4, force 3, force 2... Aux dernières nouvelles, il sera de force 4.»

Vers 16h00 locales, l'ouragan Irma a été rétrogradé en catégorie 3, selon les autorités.