L'ouragan Irma qui doit frapper la Floride ce week-end, apporte avec lui de durs choix: Richard Clavet, le propriétaire des Richard's Motels, qu'il appelle «Le Petit Québec à Hollywood» a évacué sa femme et ses enfants mais reste pour s'occuper de ses complexes d'hébergement et de ses clients qui s'y sont réfugiés.

Le Richard's motel family of Lodging est situé sur l'autoroute 1, la ligne de démarcation de la zone la plus à risque: tout ce qui se trouve à l'est de cet axe routier - près de la mer - est sous le coup d'un ordre d'évacuation obligatoire.

Mais il reste. «Mes adresses sont sur la US 1», dit-il avec le sourire.

Jeudi soir, il a toutefois demandé à son frère d'amener sa femme et ses quatre plus jeunes filles vers le nord. Il les a embrassées avant leur départ.

«Tu te dis que c'est peut-être la dernière fois que tu les vois», laisse-t-il tomber.

Mais lui, il s'organise. Avec ses employés, il a placardé la majorité de ses fenêtres.

Propriétaire du motel original depuis 27 ans, M. Clavet a vu passer l'ouragan Andrew en Floride en 1992, l'un des plus dévastateurs à avoir frappé les États-Unis.

Il dit ne pas trop savoir à quoi s'attendre. «Chaque ouragan est différent», a répété l'homme, qui vient de la ville de Québec.

Il dit que tous ses clients québécois sont partis: «Je les ai encouragés à partir».

Le propriétaire d'une grappe de motels a considéré tout fermer, mais il dit avoir vu plusieurs vagues de gens fuyant les zones plus au sud, comme l'archipel floridien des Keys, et même de Miami. Ils sont venus trouver refuge chez lui. Beaucoup sont arrivés vendredi, relate l'homme.

«On est presque plein», constate-t-il, soulignant les avoir avisés que leur séjour est «à leurs risques et périls». Des gens étaient désespérés, a-t-il répété.

Son personnel a été extraordinaire, souligne-t-il. Ceux qui travaillent à l'entretien des installations et au ménage sont restés pour l'aider à tout barricader et à tenir les lieux propres pour ceux qui vont y affronter Irma.

Il a une équipe par complexe d'hébergement. Certains de ses employés dorment aussi au motel parce qu'ils le considèrent comme plus sécuritaire que leurs propres résidences.

Ce qui lui fait le plus peur? «C'était ma femme et mes enfants. Mais là, ils sont partis», dit-il.

«Mais j'ai tous ces gens-là ici. Qu'est-ce qui arrive si tout cela tombe à terre?»

«C'est chaotique, c'est stressant».

L'homme dit qu'il a surtout des Québécois comme clients. Sa raison d'être, assure-t-il.

Dehors, il jette un coup d'oeil à sa pancarte rouge et blanche, toute illuminée, qui indique «Richard's Motel: rooms & apts - pool - tv - A/C - phones. Français-Espagnol».

«C'est peut-être la dernière fois que je la vois», soupire-t-il.