L'US Navy, sur-sollicitée sur les théâtres étrangers, n'entretient pas correctement ses navires et n'entraîne pas suffisamment ses marins surmenés, conclut un rapport officiel publié jeudi.

«La Navy est prise entre des exigences opérationnelles continues et un nombre limité de navires», a indiqué devant une commission de la Chambre des représentants John Pendleton, directeur du GAO, l'équivalent américain de la Cour des Comptes.

Le rapport qu'il a présenté était demandé par les parlementaires américains, après quatre accidents ayant impliqué des navires de l'US Navy depuis un an, causant la mort de 17 personnes.

«La Navy prévient depuis un moment qu'elle fonctionne à un rythme qui n'est pas soutenable. Notre enquête a confirmé ces problèmes», a-t-il ajouté.

Les problèmes sont plus visibles sur les navires ayant leur port d'attache au Japon, qui sont fréquemment déployés pour des missions sensibles en mer de Chine et au large de la péninsule coréenne.

Dans cette zone maritime, les marins travaillent jusqu'à 100 heures par semaine, et la formation technique et opérationnelle de 37% d'entre eux n'est pas à jour.

Le destroyer USS John S. McCain est entré en collision le 21 août avec un pétrolier dans le détroit de Singapour, faisant 10 morts. Mi-juin, déjà, sept marins américains avaient péri dans un accident entre le destroyer USS Fitzgerald et un porte-conteneurs au large du Japon.

Deux autres incidents ont opposé des navires de l'US Navy dans le Pacifique cette année, sans faire de victime: en janvier, l'USS Antietam s'est échoué près de sa base japonaise et en mai l'USS Lake Champlain est entré en collision avec un navire de pêche sud-coréen.

Certains parlementaires américains se sont étonnés qu'un navire de guerre puisse entrer en collision avec un bâtiment aussi massif qu'un pétrolier ou un porte-conteneur, et l'US Navy s'est demandée si elle pourrait être victime de cyberattaques.

«Deux destroyers, 17 morts... Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas», a noté le représentant démocrate Anthony Brown.

Certains spécialistes jugent improbable que des personnes ou entités mal intentionnées puissent orchestrer de tels accidents, compte tenu des systèmes de sécurité américains et de la logistique qu'il faudrait déployer pour faire converger deux navires.

Mais pour d'autres, il n'est pas satisfaisant d'imputer la série noire à une simple erreur humaine ou à la coïncidence.