Alors que plusieurs Québécois et Canadiens en Floride s'arrachent les derniers billets d'avion pour rentrer au pays et échapper au puissant ouragan Irma, Jane Skelton, elle, s'y rend jeudi pour être avec sa famille et protéger sa maison.

Car la Floride est sur la trajectoire d'Irma, qui a déjà semé la dévastation sur son passage dans les Antilles. Il est prévu que l'ouragan frappe la Floride de plein fouet ce week-end.

Mme Skelton est originaire du Québec mais demeure à Boca Raton en Floride depuis 23 ans.

«J'habite là-bas», dit-elle tout simplement pour expliquer son voyage à contre-courant. «Ma maison, mes enfants, il faut que je retourne les voir et me préparer un peu. Beaucoup», rectifiera-t-elle immédiatement.

Elle veut aller placarder sa maison et fermer ses volets. Tout ce qui est au rez-de-chaussée sera mis au second étage, en cas d'inondation.

«En espérant que si l'eau rentre au premier étage, que le toit va rester et que j'aurai le deuxième étage. Sinon, je n'aurai rien», dit-elle.

La dame rencontrée à l'aéroport de Toronto alors qu'elle attendait son vol pour Fort Lauderdale s'est déjà préparée pour six ouragans dans le passé. Et elle va affronter celui-ci calmement et même avec le sourire.

Mais la force annoncée d'Irma, qui est l'ouragan le plus puissant à s'être formé dans l'Atlantique, l'inquiète un peu. Les images récentes de la ville de Houston lourdement inondée et détruite par endroits par l'ouragan Harvey l'ont marquée.

«Probablement à cause de Harvey, les gens sont plus inquiets et se préparent mieux. Cette fois-ci, s'ils demandent l'évacuation, les gens vont évacuer», croit-elle.

Des ordres d'évacuation ont déjà été lancés pour certains secteurs de la Floride, notamment les environs des Keys, cette section tout au bout de la Floride, tout comme la région côtière de Fort Lauderdale.

Après avoir sécurisé sa maison, la médecin ira se réfugier à une quinzaine de kilomètres de là, vers l'intérieur de l'État, chez des membres de sa famille.

Difficile d'aller plus loin de toute façon, explique-t-elle: les routes sont pleines de monde, les voitures roulent très lentement et il n'y a pas d'essence le long du chemin.

Mais elle ne va pas demeurer dans sa maison non plus.

«Ça ne vaut pas la peine de rester. On ne peut rien y faire. Ça n'a pas de sens. Si le toit est arraché, tu es vraiment vulnérable.»

Des ouragans précédents, elle se rappelle des objets qui volent à tout vent, des branches d'arbres qui craquent et tombent à tout moment, des meubles de jardin projetés à gauche puis à droite. Des jours sans électricité, pendant que tout est fermé.

«Mais normalement, ce n'est pas si pire que ça», dit-elle.

Jonathan Gagnon, de la ville Québec, qui était sur le même vol, se rend à Fort Lauderdale uniquement pour récupérer son véhicule récréatif.

Il va aller le chercher près de Pompano Beach dès que l'avion touchera le sol.

Puis il prendra la route immédiatement, assure-t-il. «À 17 heures (jeudi), je suis parti», a-t-il dit, confiant de quitter la zone dangereuse à temps.