Le divorce n'est pas encore consommé, mais la relation entre Donald Trump et le parti Républicain se délite à vue d'oeil et menace maintenant la capacité du président à concrétiser son programme.

Il a fallu seulement 18 mois à Donald Trump pour aller du lobby de la Trump Tower à New York, où il a lancé sa campagne, à la Maison-Blanche, et s'imposer de force au parti d'Abraham Lincoln et Ronald Reagan.

Mais seulement six mois après son investiture, les fissures sont maintenant exposées au grand jour après le départ de la Maison-Blanche de deux caciques du parti républicain, et l'humiliation publique que Donald Trump a infligée à son procureur général, un ancien sénateur et pilier du Grand Old Party (GOP).

Et après la défaite cinglante infligée au président sur la réforme de la santé dans un Sénat où les républicains disposent d'une courte majorité de fins connaisseurs du parti ont mis le président en garde: il lui faut apprendre à travailler plus étroitement avec les républicains au Congrès au risque d'encaisser d'autres échecs aussi cuisants.

«Sa présidence ne connaîtra le succès que s'il a des alliés à tous les niveaux des institutions, et cela inclut les législateurs», affirme Alex Conant, un ancien assistant du sénateur républicain de Floride, Marco Rubio.

«S'il passe toute sa présidence en guerre contre le Congrès, ce seront quatre années très frustrantes», insiste M. Conant, qui voit une certaine «gêne» dans la relation entre le président et son parti.

Avec le départ fracassant du secrétaire général de la Maison-Blanche Reince Priebus - ancien président du parti - précédé de peu de celui de Sean Spicer, le porte-parole de la présidence, il ne reste plus de poids-lourds du parti dans l'entourage immédiat de Donald Trump, à part le vice-président Mike Pence.

«Dégonflés» 

La semaine dernière trois sénateurs républicains - et 48 démocrates - ont torpillé un énième texte de réforme du système de santé. Mais, au lieu de ravaler sa fierté et de tenter de trouver le moyen d'avancer, le président a préféré donne libre cours à sa furie sur Twitter. Tout le week-end il a attaqué les sénateurs républicains, les qualifiant de «dégonflés» s'ils choisissaient de passer à autre chose.

La crème des républicains est également pour le moins circonspecte face à l'enquête menée au Congrès, mais aussi par un procureur spécial, sur l'ingérence russe dans la présidentielle américaine et les éventuelles complicités au sein de l'équipe de campagne Trump.

De nombreux anciens collègues de Jeff Sessions ont également fait front pour défendre le procureur général des États-Unis, attaqué sans relâche par son président parce qu'il s'est récusé de l'affaire russe et qu'il ne peut plus être d'aucune utilité à Donald Trump dans ce dossier qui mine sa présidence.

Là où la prudence et la circonspection étaient de mise parmi les sceptiques du trumpisme dans le parti républicain, quand le milliardaire semblait invincible, les critiques se font plus acerbes maintenant qu'il semble affaibli.

Le sénateur Jeff Flake conseille ouvertement aux républicains de désavouer le président quand ses accents trop populistes nuisent à la capacité du GOP «de parler à une audience plus large».

Richard Keil, un ancien stratège politique qui travaille pour le groupe de consultants Hill + Knowlton, reconnaît que le peu de confiance qui existait au départ entre M. Trump et «son» parti a été secouée.

Mais s'empresse-t-il de souligner: «S'il peut les aider à leur faire obtenir ce qu'ils veulent, la relation devrait se réparer rapidement».