Les États-Unis risquent de devenir aux yeux du monde une « kleptocratie » pendant le mandat du président républicain Donald Trump, a prévenu lundi l'ancien directeur du Bureau américain pour l'éthique gouvernementale.

« Ses actions donnent l'apparence qu'il tire profit de sa présidence et, dans ce cas-là, l'apparence est tout », a indiqué Walter Shaub, dans un entretien au quotidien britannique The Guardian.

« Le simple fait que l'on ait à se poser des questions pour savoir s'il utilise sciemment la présidence pour son propre bénéfice est déjà assez mauvais parce l'apparence en elle-même affaiblit la confiance dans le gouvernement », a relevé M. Shaub, qui a démissionné le 6 juillet soit six mois avant la fin de son mandat.

« Cela risque à coup sûr d'inciter les gens à faire référence à nous comme étant une kleptocratie », a-t-il poursuivi. « Les États-Unis devraient vraiment représenter davantage que cela ».

Il a souligné que le président américain ne semblait enfreindre aucune loi mais, selon lui, les entrelacs entre ses affaires et ses intérêts politiques sont problématiques.

« Vous ne pouvez savoir si ses décisions sont motivées par ses objectifs politiques ou ses intérêts financiers », a-t-il remarqué.

À son arrivée à la Maison-Blanche, le président a confié la gestion de son empire immobilier, la Trump Organization, à ses deux fils aînés, Donald Jr. et Eric.

Mais depuis son investiture le 20 janvier, le président a effectué de très nombreux séjours dans ses propriétés et ses terrains de golf en Floride ou dans le New Jersey, ou encore dîné dans le Trump International Hotel à Washington.

« Il est totalement inapproprié qu'il gère un hôtel qu'il loue auprès du gouvernement fédéral », a considéré M. Shaub. « En tant que président, nous ne devriez pas faire des affaires avec le gouvernement des États-Unis ».

« À ce stade, il est son propre propriétaire », a-t-il relevé, estimant que M. Trump devrait s'abstenir de fréquenter ses propriétés commerciales pendant son mandat.

« Mais il n'est pas disposé à faire cela parce qu'il est trop occupé à aller partout pour faire de la publicité gratuite à ses propriétés », a déploré M. Shaub.

Des médias américains avaient rapporté en janvier que l'adhésion à son club privé de Mar-a-Lago en Floride - où il s'est rendu plusieurs fois depuis, y compris avec des dirigeants étrangers - a doublé juste après son investiture à 200 000 dollars par an.