Le Montréalais Amor Ftouhi, accusé d'avoir poignardé un policier à l'aéroport de Flint, au Michigan, restera derrière les barreaux aux États-Unis jusqu'à son procès.

Mercredi, lors de l'audience sur remise en liberté du suspect, l'avocate de l'aide juridique Joan Morgan, qui le représente, ne s'est pas opposée à sa détention. Cette mesure avait été demandée par les procureurs de l'État.

Durant la séance, qui a duré moins de 10 minutes et lors de laquelle Ftouhi a bénéficié des services d'une interprète de l'anglais vers l'arabe, Me Morgan a expliqué au tribunal que son client acceptait de demeurer en prison. À la demande de la juge Stephanie Dawkins Davis, le Montréalais d'origine tunisienne a confirmé en trois mots qu'il comprenait bien les conséquences de ce geste, comme en témoigne un enregistrement de la séance que La Presse a pu écouter. «Oui. Je comprends», a-t-il dit. 

Selon la loi américaine, c'est à la défense que revenait le fardeau de prouver «par des preuves claires et convaincantes» que le suspect ne représente ni un risque de fuite, ni un danger pour la communauté. «J'ai expliqué à mon client que même si ses facteurs personnels se prêtent à une remise en liberté, la nature du crime et le fait qu'il n'a aucun lien avec le Michigan auraient mené à une décision de le garder détenu», a indiqué Me Morgan à la cour.

L'avocate a ajouté que, comme les services d'immigration ont juridiction sur le suspect, il serait resté détenu même si la juge avait accepté qu'il soit libéré contre cautionnement.

Selon les médias locaux, aucun membre de la famille de l'accusé n'était présent au tribunal. Amor Ftouhi sera de retour en cour le 4 juillet pour son enquête préliminaire, étape à laquelle la poursuite doit présenter les grandes lignes de sa preuve.

D'ici là, l'enquête se poursuit pour expliquer les raisons qui ont poussé ce camionneur à temps partiel à parcourir 1000 kilomètres de route pour attaquer un policier dans une ville où, jusqu'à présent, on ne lui connaît aucune attache.

À Montréal, après avoir mené une perquisition dans le logement occupé par la famille Ftouhi, l'Équipe intégrée de la sécurité nationale de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a visité une mosquée fréquentée par l'accusé, rue Jean-Talon, à la recherche de gens qui le connaissent. 

«Il venait ici parfois, mais on ne connaissait même pas son nom. On ne le connaît pas», nous a expliqué un bénévole du lieu de culte.

Dans le Petit Maghreb, quartier qu'il habitait avec sa femme et leurs trois enfants, les langues sont liées. Dans les cafés tunisiens, on ne se souvient pas de l'avoir vu. Même chose dans les petits commerces avoisinants. Ceux qui habitent le même immeuble à logements s'en tiennent à peu de mots. «C'est un monsieur sérieux. Un père de famille», dit un voisin, Mohisin Asir. Un autre le qualifie de «vieux grincheux».

Après avoir été interrogée par la GRC, la famille de l'accusée semblait de retour à la maison, cette semaine. Des souliers d'enfants s'entassaient devant la porte du logement. 

Personne n'a toutefois répondu à la porte. Nos messages téléphoniques sont aussi restés sans réponse.