C'est l'un des derniers terrains où démocrates et républicains laissent la politique au vestiaire: le match caritatif annuel de baseball opposant des parlementaires de chaque parti, ovationnés jeudi soir par des dizaines de milliers de personnes à Washington.

La veille, à l'entraînement, l'équipe républicaine s'est fait tirer dessus par un homme armé d'un fusil et d'une arme de poing, qui a été abattu par la police après avoir blessé par balle quatre personnes, dont le numéro trois de la majorité républicaine de la Chambre des représentants, Steve Scalise.

Une balle a endommagé l'une de ses hanches, déchirant des organes et causant d'importantes pertes de sang.

Le parlementaire restait jeudi dans un état qualifié de «critique» même si son état s'est amélioré au cours des dernières 24 heures, selon un communiqué de l'hôpital diffusé peu après le début du match. Il restera hospitalisé «pendant un certain temps», notamment pour subir d'autres opérations chirurgicales.

Une policière et un lobbyiste également blessés dans la fusillade étaient toujours hospitalisés jeudi.

«En jouant ce soir, vous montrez au monde que nous ne serons pas intimidés par des menaces, des actes de violence ou des agressions», a indiqué M. Trump dans un message vidéo avant la rencontre.

La plupart des survivants de l'attentat étaient dans le stade, en tenue, jeudi.

«Nous sommes unis, pas en tant que républicains ou démocrates, mais en tant qu'élus des États-Unis», avait promis l'un d'eux, le Texan très conservateur Joe Barton, qui était sur le terrain avec son fils mercredi lors de la fusillade.

«Nous n'allons pas laisser des actes de violences nous arrêter», avait aussi lancé Martha McSally, une élue républicaine de l'Arizona.

Le coup d'envoi a été donné par David Bailey, l'un des policiers blessés dans la fusillade, qui a lancé la première balle après un moment de silence. Peu avant, des membres des deux équipes s'étaient regroupés, avaient mis genou à terre le temps d'une prière.

Jamais au cours des près de huit décennies d'existence de ce match, les gradins n'avaient été aussi remplis. Quelque 23 000 billets ont été vendus, et une section de sièges a été baptisée «Team Scalise».

«C'est une attaque contre nous tous», a déclaré avant le match le démocrate Joe Crowley, représentant de New York qui se rendait à l'entraînement au moment du drame.

Malgré les «USA! USA!» scandés par la foule, les applaudissements et les promesses de bonne camaraderie, «il règne sans aucun doute une atmosphère sombre», a observé le parlementaire républicain Steve Pearce, présent pendant la fusillade.

Calmer le débat 

C'était la première fois depuis 2011 qu'un des 535 membres du Congrès était blessé par balles. La dernière ciblée, Gabrielle Giffords, a survécu mais au prix de graves séquelles au cerveau. Six personnes avaient été tuées.

Depuis, et au fil des massacres, les démocrates n'ont eu de cesse de tenter de renforcer la législation sur les ventes d'armes, mais les républicains ont toujours fait bloc, défendant le droit - constitutionnel, selon eux - à détenir des armes pour se défendre.

Le consensus est en revanche bien réel sur la nécessité de baisser la température du débat politique aux États-Unis. Les républicains font face depuis quelques mois à des auditoires virulents lors de leurs réunions publiques dans leurs circonscriptions.

Mais les démocrates notent que la campagne présidentielle de 2016 a marqué un tournant évident, Donald Trump étant selon eux l'un des catalyseurs. Dans ses rallyes, des échauffourées ont opposé ses partisans à des manifestants. Des coups ont été échangés.

Le candidat républicain lui-même a insinué en août dernier que les partisans du port d'armes à feu pourraient résister en cas de victoire de la démocrate Hillary Clinton à l'élection.

«Nous sommes en désaccord philosophiquement... mais cela peut être fait d'une façon qui ne nous pousse pas à questionner les motivations des gens», a commenté le sénateur républicain Rand Paul.

Mais concernant ceux qui étaient présents au moment de la fusillade, «je pense que la plupart d'entre nous allons nous en souvenir pendant longtemps», a-t-il relevé.

AP

Steve Scalise