Le président américain Donald Trump a contre-attaqué en dénonçant les «mensonges» des médias qui multiplient les révélations sur l'affaire russe, mettant en cause à présent Jared Kushner, son gendre et très proche conseiller.

Tout juste rentré à Washington d'une tournée de neuf jours au Moyen-Orient et en Europe, Donald Trump a réagi dans une série de tweets à ces accusations qui placent la Maison-Blanche en situation de crise.

La presse américaine affirme depuis vendredi que Jared Kushner a cherché à mettre en place un canal de communication secret avec la Russie pendant la période de transition, c'est-à-dire entre la victoire électorale de Donald Trump le 8 novembre et sa prise de fonctions le 20 janvier.

Selon le Washington Post, Jared Kushner a fait cette proposition au cours d'une rencontre avec l'ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kisliak, le 1er ou le 2 décembre à la Trump Tower de New York.

«C'est mon opinion que beaucoup de fuites sont des mensonges fabriqués par les médias "Fake News" (fausses informations)», a tweeté Donald Trump dimanche.

À chaque fois que les médias mentionnent des sources anonymes, «il est très possible que ces sources n'existent pas mais soient inventées par des journalistes "fake news"», a-t-il ajouté.

«Les médias "Fake News" travaillent dur à dénigrer et dévaloriser mon utilisation des médias sociaux car ils ne veulent pas que l'Amérique entende la véritable histoire», a écrit le président américain dans un autre tweet dans lequel il répondait aux critiques sur la fréquence de ses accès de colère sur Twitter.

Les révélations sur Jared Kushner sont les dernières en date d'une longue succession de fuites sur les contacts entre l'entourage du président américain et la Russie.

Homme d'affaires devenu conseiller du président, Jared Kushner, 36 ans, est le mari d'Ivanka Trump, la fille la plus en vue de Donald Trump et elle-même conseillère à la Maison-Blanche.

Cellule de crise

Physique de jeune homme sage, souvent photographié main dans la main avec Ivanka, Jared Kushner ne s'exprime jamais en public. Mais son influence auprès de Donald Trump est immense.

Le déluge de révélations sur les liens entre l'équipe de Donald Trump et la Russie touche donc désormais le tout premier cercle du président américain.

Les agences de renseignement américaines sont persuadées que la Russie a cherché à s'ingérer dans l'élection présidentielle américaine au détriment de la démocrate Hillary Clinton, notamment en piratant les messageries de son directeur de campagne.

Le FBI et plusieurs commissions parlementaires enquêtent désormais pour déterminer s'il y a eu collusion entre l'entourage de Donald Trump et la Russie.

Le président américain a tenu une réunion dimanche avec ses avocats à la Maison-Blanche pour déterminer une stratégie dans cette affaire russe qui mine sa présidence, selon les médias.

La Maison-Blanche est en train d'établir une cellule de crise comme celle que Bill Clinton avait monté pour faire face à l'enquête sur sa relation avec Monica Lewinski, d'après ces médias.

Elle serait dirigée par Jared Kushner et comprendrait le conseiller du président Steve Bannon et le secrétaire général de la Maison-Blanche Reince Priebus.

Cette cellule à la fois juridique et de communication délivrerait le reste des conseillers et communicants de la Maison-Blanche de la charge de commenter l'enquête sur l'affaire russe.

Le futur rôle de Jared Kushner au sein de l'équipe gouvernementale fait aussi l'objet de spéculations dans la presse qui croit déceler des signes de lassitude chez le jeune conseiller.

Contacts acceptables

Plusieurs membres de l'administration sont venus dimanche à sa rescousse, estimant qu'il n'était pas anormal d'établir des canaux de communication non officiels avec des pays étrangers, y compris la Russie.

«Pour moi c'est normal et acceptable. Tout ce que vous pouvez faire pour communiquer avec des gens, en particulier des organisations qui ne sont pas particulièrement amicales avec nous, est une bonne chose», a ainsi affirmé dimanche John Kelly, le ministre américain de la Sécurité intérieure, lui-même général à la retraite.

Le républicain Lindsey Graham se montrait également dubitatif quant à ces révélations en cascade, dont la source présumée serait une conversation interceptée par les services américains entre l'ambassadeur russe à Washington et sa capitale.

«Cela n'a aucun sens que l'ambassadeur russe fasse un rapport à Moscou par un canal qu'il sait très probablement sur écoute. Toute cette histoire est très suspecte», a-t-il déclaré sur CNN.

L'ancien candidat à l'investiture républicaine a aussi conseillé à Donald Trump d'arrêter de tweeter.

«Si vous tweetez tous les jours pour vous plaindre des médias et vous plaindre de la façon dont vous êtes traité, cela finit par détourner votre attention et vous ne parviendrez à rien faire», a-t-il lancé sur la même chaîne, à l'intention du président

L'enquête du FBI est désormais dirigée par un procureur indépendant, Robert Mueller.

Les choses pourraient encore se compliquer pour l'exécutif américain avec le témoignage très attendu devant le Congrès, peut-être dès les prochains jours, de James Comey, l'ancien directeur du FBI limogé début mai par Donald Trump.

James Comey a conservé des notes dans lesquelles il a consigné, selon la presse, une conversation avec le président américain lui demandant de «laisser tomber» l'enquête visant Michael Flynn, l'ancien conseiller à la sécurité nationale de M. Trump.