Les travaux de réparation d'un tunnel qui s'est effondré dans l'enceinte d'un site nucléaire du nord-ouest des États-Unis ont commencé mercredi, au lendemain d'un affaissement qui avait provoqué l'évacuation et le confinement de milliers d'employés.

Les autorités fédérales ont indiqué que l'équivalent d'une cinquantaine de camions de terre allaient être nécessaires pour combler la faille d'environ six mètres de côté qui s'est ouverte au-dessus du tunnel sur le site de stockage de déchets nucléaires de Hanford, dans l'État de Washington, situé à 275 km au sud-est de Seattle.

Il s'agit d'un des deux tunnels contenant des déchets radioactifs remontant à l'époque où le site produisait du plutonium pour des bombes atomiques, notamment celui contenu dans les deux bombes larguées sur le Japon en 1945 qui ont mis fin à la Seconde Guerre mondiale.

«Depuis hier soir, plusieurs employés se sont rendus sur place», a indiqué Destry Henderson, porte-parole du centre des opérations d'urgence du site, qui longe la rivière Columbia.

«Ils ont préparé la zone pour commencer à remplir le trou du tunnel», a-t-il ajouté. «Ils ont dispersé du gravier sur lequel les équipements lourds pourront opérer aujourd'hui pour répandre la terre, lentement et méthodiquement, dans la portion du tunnel qui s'est effondrée».

La porte-parole de la Maison-Blanche Sarah Huckabee Sanders a indiqué peu après que l'incident passait «d'une phase d'urgence à une phase de reconstruction».

«Après des analyses poussées, à ce stade, nous avons confiance dans le fait qu'il n'y a aucune indication d'exposition d'un employé (à des radiations, NDLR) ni de la diffusion dans l'atmosphère d'éléments radioactifs», a-t-elle poursuivi, soulignant que les opérations de rebouchage devraient s'achever dans la journée.

Les experts sur place, a-t-elle ajouté, «examinent de près quelles sont les prochaines actions à effectuer pour réduire (le risque) de brèches dans le tunnel à l'avenir».

L'usine Hanford emploie environ 9000 personnes, dont la plupart ont été priées de rester chez elles mercredi.

Le site de 1500 km2, soit quinze fois Paris, est considéré comme la plus grande poubelle nucléaire du continent américain. L'affaissement avait été découvert mardi lors d'une inspection de routine.

Sa production nucléaire avait été augmentée durant la guerre froide, mais le dernier réacteur a été fermé en 1987. Depuis, plusieurs milliers de personnes s'emploient à nettoyer le site, ce qui devrait coûter plus de 100 milliards de dollars à la fin de cette opération prévue en 2060.

«Il y a bien des catastrophes sur le point de se produire, et il pourrait y avoir un enchaînement», a prévenu l'avocat Tom Carpenter, du groupe Hanford Challenge, qui a notamment défendu des lanceurs d'alerte à Hanford et sur d'autres sites nucléaires.

Selon M. Carpenter, c'est un miracle qu'il n'y ait pas encore eu de catastrophe majeure sur ce site, vu son étendue et les mises en garde régulières émises par des personnes qui y travaillent.

«Il y a tellement de déchets et de matériaux radioactifs enfouis partout sur le site», a noté M. Carpenter. «Les installations sont décrépies, le béton s'effrite, et des études ainsi que des ingénieurs travaillant là-bas estiment que ça ne va pas tenir plus de quelques années».

La plupart des cuves renfermant des matières radioactives ont ainsi été construites dans les années 1940, pour une durée de vie de 20 ans. La plupart ont déjà connu des fuites et pourraient s'effondrer en cas de tremblement de terre, a-t-il souligné.