Plus d'une dizaine de sénateurs républicains ont manifesté leur inquiétude, mercredi, quant au congédiement par Donald Trump du directeur du FBI James Comey. Une série de déclarations qui se sont succédé porte à croire que le Parti républicain n'est pas prêt à se ranger derrière la décision du président.

Ces républicains qui se sont montrés critiques n'ont toutefois pas répondu favorablement à l'appel lancé par des démocrates de nommer un conseiller spécial pour reprendre l'enquête que menait James Comey sur les liens de l'équipe de campagne de M. Trump avec la Russie lors de la dernière élection présidentielle.

Le sénateur de la Caroline du Nord Richard Burr, qui préside le comité sénatorial en matière de renseignement, a fait savoir que le moment du congédiement et les raisons évoquées pour justifier celui-ci «n'ont pas de sens» à son avis.

Le comité dirigé par M. Burr enquête lui aussi sur les tractations entre des représentants russes et des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump.

La sénatrice de Virginie-Occidentale Shelley Moore Capito a quant à elle fait valoir qu'il était nécessaire de «découvrir ce qui s'est passé et pourquoi».

Son homologue de la Floride, Marco Rubio, a dit avoir des «questions sur le »pourquoi« (James Comey) a été congédié maintenant en regard de son service et de son rendement».

L'intervention du leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, n'aura pas réussi à faire taire les demandes pour la nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur les liens entre la Russie et l'équipe de campagne de l'actuel président.

M. McConnell a rappelé que les démocrates avaient critiqué à répétition M. Comey quant à sa gestion de l'enquête sur les courriels de la candidate démocrate défaite à la présidence, Hillary Clinton. Le sénateur républicain a ajouté qu'aucune mesure supplémentaire n'était nécessaire compte tenu des enquêtes du FBI et du comité sénatorial en matière de renseignement.

Le leader de la majorité s'est toutefois gardé d'exprimer sa propre opinion quant au licenciement de M. Comey.

Le congédiement est survenu alors que M. Comey avait demandé plus de ressources au procureur général adjoint Rod Rosenstein pour pouvoir mener à bien son fameux dossier. Le département de la Justice a toutefois remis en cause une telle information.

Les démocrates n'ont pas manqué de suggérer que le président Trump cherchait à entraver l'enquête sur les liens entre la Russie et son équipe de campagne.

«Nous savons que le directeur Comey dirigeait une enquête pour déterminer si l'équipe de campagne de M. Trump a comploté avec les Russes - une sérieuse infraction, a dit le leader de la minorité au Sénat, Chuck Schumer. Est-ce que ces enquêtes se rapprochaient de trop près de la résidence du président?»

Trump se justifie sur Twitter

En matinée, Donald Trump avait lancé sur Twitter que les républicains et les démocrates finiraient par le «remercier» d'avoir renvoyé le patron du FBI.

Il n'a fait aucune mention de l'impact du congédiement de M. Comey sur l'enquête, déclarant simplement que son successeur «fera un bien meilleur travail et restaurera l'esprit et le prestige du FBI».

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Mitch McConnell

Le congédiement d'un directeur du FBI est très rare. Les démocrates ont déploré la décision de M. Trump, la comparant à celle de l'ancien président Richard Nixon qui avait licencié le procureur spécial indépendant qui enquêtait sur le scandale du Watergate.

Dans une courte lettre envoyée à M. Comey mardi, le président a dit que son congédiement était nécessaire pour rétablir «la confiance du public» envers le FBI.

M. Trump y indique par ailleurs que le directeur lui aurait dit à trois reprises qu'il n'était pas visé directement dans le cadre de la vaste enquête qu'il pilotait. Si de telles affirmations s'avéraient exactes, elles représenteraient une sérieuse violation du protocole.

D'anciens responsables du département de la Jusice et d'ex-procureurs fédéraux ont toutefois dit douter que M. Comey se soit adressé de cette façon au président.

James Comey, âgé de 56 ans, avait été nommé à son poste par l'ancien président Barack Obama en 2013 pour un mandat de 10 ans.

L'adjoint de M. Comey a pris la relève dès son congédiement.