Conçue au départ comme un personnage de BD tolérant et pacifique, Pepe la grenouille est devenue au cours d'une campagne électorale américaine au vitriol un symbole de l'extrême droite, poussant son créateur horrifié à finalement la sacrifier.

Yeux protubérants, grande bouche, visage vert: le batracien, baptisé «Pepe the frog» en anglais, est apparu en 2005 dans une bande dessinée en ligne créée par un artiste et auteur de livres pour enfants, Matt Furie.

Mais au fil de la campagne présidentielle qui a opposé en 2016 le républicain Donald Trump à la démocrate Hillary Clinton, Pepe la grenouille a été adoptée par de nombreux extrémistes américains qui en on fait un meme omniprésent sur internet, la déguisant en Adolf Hitler ou la couvrant de la tenue des membres du Ku Klux Klan.

À tel point que la petite grenouille a été ajoutée en septembre, au côté de la croix gammée, à la liste des symboles racistes élaborée par l'une des plus importantes organisations de lutte contre l'antisémitisme et le racisme aux États-Unis, la Ligue anti-diffamation (ADL).

Matt Furie avait bien tenté de récupérer sa création, en lançant autour de l'élection du 8 novembre une campagne «Sauvez Pepe» sur internet. En vain.

Il a finalement décidé de la «sacrifier», en dessinant Pepe reposant dans un cercueil ouvert sur une vignette publiée samedi, à l'occasion d'une journée organisée par son éditeur, Fantagraphics, célébrant la bande dessinée.

Sur son site, l'éditeur déplore la récupération de Pepe la grenouille par des «groupes racistes liés à l'extrême droite», qui a causé «des dommages psychologiques et financiers significatifs à son créateur».

«Fantagraphics Books tient à souligner que la seule et véritable Pepe la grenouille, celle créée par l'être humain et artiste Matt Furie, est un amphibien qui représente l'amour, la tolérance et les bons moments (et fumer des joints.)», poursuit l'éditeur.

Pepe la grenouille reposant dans son cerceuil.