À la fin du mois de novembre, un membre de l'équipe de transition de Donald Trump a adressé une requête particulière aux responsables en sécurité nationale de l'administration Obama: la prochaine équipe de l'administration Trump voulait obtenir une copie des dossiers de l'Agence centrale de renseignements (CIA) sur Sergueï Kyslyak, l'ambassadeur de la Russie aux États-Unis.

Marshall Billingslea, un ancien représentant du Pentagone et de l'OTAN, voulait cette information pour son patron, Michael Flynn, qui venait d'être nommé conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche.

M. Billingslea savait que M. Flynn discuterait avec l'ambassadeur russe, selon deux anciens représentants de l'administration Obama, et semblait inquiet du fait que son patron ne semblait pas être au courant qu'il aurait des contacts avec un homme qui, selon certaines rumeurs, aurait des liens avec les services secrets russes.

Pour l'administration Obama, les inquiétudes de M. Billingslea étaient surprenantes: un membre de la propre équipe de M. Trump suggérait que la prochaine administration ne semblait pas comprendre à qui elle avait affaire.

Cette requête était un signal d'avertissement pour l'administration Obama, qui a ensuite vu M. Flynn embourbé dans une controverse sur ses contacts avec le représentant russe, laquelle lui a coûté son emploi.

Dans les semaines suivantes, l'administration Obama est devenue de plus en plus circonspecte à l'égard de l'équipe de M. Trump et de ses relations avec la Russie.

Les préoccupations de l'administration sont devenues tellement importantes que ses représentants ont attendu avant de dire à l'équipe Trump que le gouvernement américain allait sanctionner la Russie pour son ingérence dans l'élection présidentielle. Les représentants d'Obama craignaient que la nouvelle équipe avertisse Moscou à l'avance.

Ce compte-rendu des derniers jours de l'administration Obama a été rédigé à partir d'entrevues réalisées auprès de 11 responsables et anciens responsables américains, dont sept qui avaient un rôle important dans l'équipe de l'ex-président démocrate.

L'administration Obama était tourmentée par l'ingérence de la Russie dans l'élection et la possible implication de l'équipe Trump dans tout ce processus.

Le rôle de l'administration Obama reviendra sous les projecteurs, lundi, alors que l'ancien directeur de l'Agence de sécurité nationale James Clapper et l'ancienne procureure générale adjointe Sally Yates, devraient témoigner devant le comité judiciaire du Sénat - l'un des trois comités qui enquête sur les liens de proches de M. Trump avec Moscou.

Donald Trump a toujours nié avoir des liens malveillants avec la Russie et a qualifié les enquêtes sur le sujet de «canulars».

Mme Yates devrait dire aux élus américains qu'elle avait sonné l'alarme auprès de l'administration Trump sur les contacts de M. Flynn avec l'ambassadeur russe.

Michael Flynn a dû démissionner quelques semaines plus tard pour avoir induit en erreur le vice-président, Mike Pence et d'autres représentants de l'administration sur le contenu de ses discussions avec l'ambassadeur russe.

L'administration Obama trouvait que l'ancien général avait minimisé la menace que représentait la Russie lors de ses discussions avec sa prédécesseure, Susan Rice et d'autres représentants.

Joint par l'Associated Press, M. Billingslea a refusé de commenter. Le mois dernier, l'administration Trump a annoncé son intention de le nommer comme secrétaire adjoint pour le financement du terrorisme au département du Commerce.