Donald Trump revient jeudi pour la première fois en tant que président à New York, un retour au bercail qui devrait s'accompagner de nouvelles manifestations dans la métropole américaine devenue l'un des principaux bastions de ses opposants.

Le président - un enfant du pays, né dans le district de Queens en 1946 - est attendu dans l'après-midi pour une réception et un dîner avec le premier ministre australien Malcolm Turnbull à bord de l'USS Intrepid, un porte-avions de la Seconde Guerre mondiale transformé en musée et amarré à l'ouest de Manhattan.

Le magnat de l'immobilier, qui a fait fortune à Manhattan où une dizaine de gratte-ciels portent son nom, apprécie l'endroit: il s'y était fait débarquer en hélicoptère en 2009, devant les caméras de son émission de téléréalité The Apprentice.

Les deux dirigeants y marqueront le 75e anniversaire d'une bataille maritime que les deux pays remportèrent ensemble face au Japon. L'occasion de réaffirmer l'amitié et l'alliance entre les deux pays, brièvement secouées par un coup de fil incendiaire entre les deux hommes fin janvier.

La visite ne durera que quelques heures: Trump doit quitter Manhattan en soirée pour son club de golf de Bedminster, dans le New Jersey voisin, où il devrait passer le week-end.

Démonstration de force ?

Mais aussi bref que soit ce retour au pays, ses opposants sont bien décidés à en faire une démonstration de force.

Deux manifestations sont annoncées dans l'après-midi de jeudi au nord et au sud de l'Intrepid, qui espèrent se rejoindre. Plus de 2000 personnes se disaient mercredi sur Facebook sûres d'y participer.

«Nous allons montrer au monde entier ce que pensent les New Yorkais de sa politique raciste, misogyne, ignorante et haineuse», avertissaient les organisateurs. «Soyez bruyants et en colère!»

L'association de défense des immigrés New York Immigration Coalition a aussi appelé à manifester jeudi toute la journée devant Trump Tower, sur la 5e Avenue, avec déjà 3000 personnes potentiellement intéressées.

Depuis son investiture le 20 janvier, le président a évité sa ville natale, préférant passer les week-ends dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride.

Il y retrouve sa femme Melania et son fils Barron, restés dans leurs appartements de la Trump Tower jusqu'à la fin de l'année scolaire, et ses fils Donald Jr. et Eric, qui ont repris à New York la direction de son empire immobilier, la Trump Organization.

Trump a toujours été mal-aimé à New York. Même lorsqu'il n'était qu'un ambitieux entrepreneur immobilier, la presse new-yorkaise le tournait en ridicule.

Fief démocrate, la première métropole américaine a voté à 80% pour sa rivale à la présidentielle, Hillary Clinton.

«Pas mon président»

Dès l'élection, quand Trump habitait encore la Trump Tower, la capitale financière des États-Unis est entrée dans une ère de manifestations contre le milliardaire.

Et depuis son installation à la Maison-Blanche et l'annonce des premières mesures contre les immigrés ou les ressortissants de certains pays musulmans, la ville qui se veut un modèle d'intégration pour immigrés du monde entier, résonne fréquemment de slogans anti-Trump comme «Résistez!», «Pas mon président!» ou encore «Destitution!».

Ce avec la bénédiction du maire démocrate Bill de Blasio, qui a participé à plusieurs rassemblements et jure de protéger les quelques 1,2 million de clandestins que compte la ville face aux menaces de Trump d'accélérer les expulsions.

Un porte-parole du maire indiquait récemment se réjouir d'une visite qui permettra de «rappeler au président que New York est la ville la plus formidable au monde grâce à - et non pas en dépit de - sa diversité».

Jusqu'à l'annonce lundi de leur remboursement par le gouvernement fédéral, le maire dénonçait aussi régulièrement les frais générés par l'élection du milliardaire, avec des dizaines de policiers mobilisés 24h/24 pour protéger sa famille ainsi que la Trump Tower.

Même depuis le départ du président à Washington, la note atteint entre 127 000 et 146 000 dollars par jour, et devrait grimper à 308 000 dollars jeudi avec la venue du président.

Donald Trump a invoqué ces coûts pour expliquer pourquoi il évitait New York.

«Rentrer coûte trop cher au pays», «je déteste voir les rues de New York bloquées», a-t-il déclaré récemment sur Fox News, sans mentionner les manifestations.

Avec la fermeture prochaine de Mar-a-Lago, le président risque en revanche de multiplier les week-ends à Bedminster, où beaucoup s'inquiètent déjà des perturbations que cela va entraîner.