L'un des homicides policiers les plus choquants de ces dernières années aux États-Unis est entré dans son épilogue judiciaire, un ancien agent ayant plaidé coupable mardi, deux ans après avoir abattu un automobiliste afro-américain non armé.

Michael Slager, un ex-policier blanc, échappera ainsi à un futur procès. Sa peine sera déterminée ultérieurement par un juge.

L'homicide en Caroline du Sud (sud-est) de Walter Scott, 50 ans, fauché par les balles de M. Slager alors qu'il s'enfuyait en courant après une banale infraction au Code de la route, avait choqué l'opinion publique en Amérique et au-delà.

Cette mort en avril 2015, saisie sur une vidéo amateur, avait déclenché des manifestations, dégénérant parfois en émeutes, dans tous les États-Unis.

Selon l'accord de peine négociée consulté par l'AFP, Michael Slager a seulement plaidé coupable d'un chef d'inculpation fédéral, en l'espèce d'avoir de façon volontaire attenté aux droits civiques de M. Scott en exerçant une force excessive sous le couvert de ses fonctions.

Ce chef d'inculpation lui faisait encourir la réclusion criminelle à perpétuité lors de son procès fédéral qui était censé s'ouvrir dans une semaine.

Jusqu'à aujourd'hui M. Slager affirmait avoir agi en état de légitime défense, s'étant senti menacé après s'être empoigné avec M. Scott. Ayant bénéficié d'une libération sous caution, il s'est présenté libre mardi au tribunal, mais en est reparti avec les menottes.

Les proches de Walter Scott ont fait savoir leur satisfaction dans une conférence de presse diffusée sur internet.

«Nous espérons qu'en acceptant sa responsabilité, Michael aidera la famille Scott dans son travail de deuil», a de son côté déclaré à l'AFP Andy Savage, l'avocat de M. Slager.

L'ancien fonctionnaire de police était également poursuivi par l'État de Caroline du Sud, mais la procureure locale Scarlett Wilson a annoncé dans un communiqué mardi renoncer à son action et s'en remettre au prochain verdict du juge fédéral.

Ce dernier conserve en théorie la possibilité de condamner l'ex-policier à la peine la plus sévère - la prison à vie - correspondant à son admission de culpabilité. Mais traditionnellement dans le système judiciaire américain, les négociations de peine permettent à l'accusé d'éviter la plus lourde sentence.

Un premier procès non fédéral de M. Slager avait été annulé en décembre 2016, les 12 jurés n'étant pas parvenus à s'accorder sur le verdict.

Sur la vidéo des faits, filmée sur un smartphone par un témoin, on voyait le policier alors âgé de 33 ans tirer à huit reprises sur sa victime qui s'écartait, la touchant cinq fois dans le dos.

On lui a reproché d'avoir tenté de mettre en scène un scénario faisant croire qu'il avait agi en légitime défense. Le policier avait notamment déposé son pistolet à décharge électrique à côté de Walter Scott.

Michael Slager avait été très vite renvoyé des forces de l'ordre, une sanction rare aux États-Unis.

Ce drame s'est inscrit dans une série de drames impliquant des policiers américains et illustrant leur usage abusif de la force contre des Afro-Américains.

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Sur la vidéo des faits, filmée avec un téléphone intelligent par un témoin, on voyait le policier alors âgé de 33 ans tirer à huit reprises sur sa victime qui s'écartait, la touchant cinq fois dans le dos.