La Cour suprême des États-Unis a refusé lundi de se saisir d'un recours de défenseurs des droits de l'homme qui exigeaient la publication complète d'un rapport du Sénat américain sur le recours à la torture par la CIA.

«Il s'agit d'un revers profondément décevant pour la transparence», a réagi Hina Shamsi, une responsable de l'ACLU, la puissante organisation américaine de défense des libertés à l'origine de l'appel.

En refusant d'examiner ce dossier, la Cour suprême laisse valide un jugement d'un tribunal fédéral de Washington qui avait estimé que ce rapport de la commission du Renseignement du Sénat n'était pas soumis aux règles en vigueur en matière de liberté d'information.

Contenant plus de 6000 pages, ce document est le fruit d'une vaste enquête parlementaire sur le programme très controversé de détentions secrètes et d'interrogatoire musclés de la CIA après le 11-Septembre, sous le gouvernement de George W. Bush.

Il a été classé secret-défense et seul le résumé représentant environ 500 pages a été déclassifié et rendu public en décembre 2014.

Ce compte-rendu partiel de l'enquête avait dévoilé les pratiques de l'agence d'espionnage pour capturer et interroger, hors cadre judiciaire, des hommes soupçonnés de liens avec Al-Qaïda. La révélation de ces informations avait fait l'effet d'une bombe aux États-Unis et dans le monde.

Le rapport décrit notamment comment des détenus avaient été attachés pendant des jours dans le noir, projetés contre les murs, plongés dans des bains glacés, privés de sommeil pendant une semaine, frappés ou harcelés psychologiquement.

D'autres suspects avaient été enchaînés au plafond par leurs bras menottés dans le dos, avaient subi des «réhydratations rectales» forcées ou des séances de «waterboarding» (simulation de noyade) dans des prisons secrètes.

Les conclusions du rapport du Sénat ont été contestées par la CIA et une partie des républicains, tandis qu'environ la moitié de la population américaine considère comme justifié d'utiliser la torture pour interroger des suspects de terrorisme.

Après avoir défendu en campagne le recours à la torture, une pratique qu'a interdite Barack Obama quand il était à la Maison-Blanche, Donald Trump a depuis sa prise de fonction donné l'impression de fluctuer sur la question.