Un proche du président américain Donald Trump au Congrès, Devin Nunes, a annoncé jeudi qu'il se récusait dans une enquête parlementaire sur l'ingérence de la Russie dans la présidentielle américaine, après avoir été accusé de politiser l'enquête.

Il est le troisième proche du président à devoir se récuser ou démissionner dans l'affaire russe, après le ministre de la Justice Jeff Sessions et l'ex-conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn.

«Je crois que c'est dans le meilleur intérêt de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants et du Congrès que (le républicain) Mike Conaway prenne en charge temporairement l'enquête de la commission sur la Russie», a écrit dans un communiqué Devin Nunes, qui préside cette commission.

Réagissez sur le blogue de Richard Hétu >>Cette enquête parlementaire avait été lancée après que les services américains de renseignement ont accusé la Russie d'ingérence dans l'élection présidentielle pour favoriser M. Trump.

M. Nunes, qui a activement participé à la campagne de Donald Trump, a été accusé par les démocrates de chercher à détourner l'attention de l'enquête, en apportant du crédit aux accusations d'espionnage portées par Donald Trump contre son prédécesseur Barack Oabama.

Le chef de file des démocrates au sein de la même commission, Adam Schiff, a estimé jeudi avoir désormais «une occasion nouvelle d'avancer de manière unie et non partisane» dans l'enquête sur l'ingérence russe.

Cette affaire russe qui empoisonne Donald Trump depuis son élection comporte actuellement deux volets.

D'un côté, démocrates et républicains au Congrès ont lancé plusieurs enquêtes pour savoir s'il y a eu pendant la campagne des contacts entre des proches de Donald Trump et des responsables russes.

Et, fait rare, le directeur du FBI James Comey a confirmé, le 20 mars qu'il enquêtait lui aussi sur une éventuelle «coordination» entre des proches de Donald Trump et la Russie avant l'élection.

Un autre proche de Donald Trump, Michael Flynn, qui dirigeait à la Maison-Blanche l'influent Conseil de sécurité nationale (NSC), a été poussé à la démission le 13 février pour avoir menti sur des conversations avec l'ambassadeur russe à Washington l'an dernier, au cours desquelles il aurait évoqué les sanctions contre Moscou.

Un autre soutien de la première heure de Donald Trump, le ministre de la Justice Jeff Sessions s'est lui aussi récusé début mars dans toute enquête sur la Russie après avoir reconnu avoir rencontré le même ambassadeur Sergueï Kislyak à deux reprises l'an dernier.

De l'autre côté, le président Donald Trump, qui a nié à plusieurs reprises toute collusion avec Moscou, est accusé de chercher à faire diversion dans ces enquêtes.

Début mars, dans une série de tweets matinaux au ton très violent, il a accusé Barack Obama de l'avoir fait mettre sur écoute avant et après son élection, sans apporter aucune preuve.

Devin Nunes reconnaît alors qu'il n'existe pas de preuve de ces écoutes. Mais, reprenant des arguments du président, il réoriente ostensiblement le débat vers la question des fuites à la presse émanant de membres des services de renseignement pour «nuire à l'administration Trump».

Fin mars, il déclenche une tempête politique, en affirmant détenir des documents prouvant que les agences de renseignement ont intercepté des communications des membres de l'équipe Trump, voire de Donald Trump lui-même, avant sa prise de fonction.

Cette annonce est interprétée par les démocrates comme un coup de pouce au président.

Dernier épisode dans cette affaire à tiroirs, plusieurs médias de la sphère conservatrice ont accusé l'ex-conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama, Susan Rice, d'avoir fait fuiter les noms des personnes de l'entourage de Donald Trump en contact avec des responsables étrangers.

Donald Trump a repris sur Twitter ces allégations. Susan Rice les a démenties.