Le site WikiLeaks a mis en ligne des milliers de pages qui auraient été dérobées au centre de cyber-renseignements de l'agence américaine du renseignement, la CIA, concernant notamment des outils de piratage qui seraient utilisés par le gouvernement.

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Les documents décrivent des méthodes clandestines pour contourner ou déjouer un encodage, des outils antivirus et d'autres mesures de sécurité visant à maintenir à l'abri des regards indiscrets des renseignements sur des particuliers et des entreprises.

Les employés du gouvernement américain, dont le président Donald Trump, utilisent plusieurs des mêmes produits et services internet supposément compromis par ces outils.

WikiLeaks dit que les documents détaillent les efforts de la CIA - en coopération avec des gouvernements alliés et l'Agence de sécurité nationale (NSA) aux États-Unis - pour infiltrer des logiciels et produits, comme le iPhone d'Apple ou les plateformes Android de Google et Windows de Microsoft.

L'Associated Press n'a toutefois pas été en mesure de confirmer l'authenticité des quelque 8700 documents et fichiers. Ce ne serait par contre pas la première fois que WikiLeaks met la main sur des documents secrets du gouvernement.

Des experts qui y ont jeté un coup d'oeil sont d'avis que les documents semblent légitimes et que leur publication risque d'ébranler la CIA.

WikiLeaks affirme que la CIA a «récemment» perdu le contrôle de plusieurs outils de piratage et des documents qui y sont associés. Le site ajoute que «l'archive semble avoir été partagée de manière illicite par d'anciens pirates du gouvernement américain et sous-traitants», et que l'un d'eux «a fourni à WikiLeaks une portion de l'archive».

Les documents couvrent de multiples sujets, par exemple la méthode à utiliser pour prendre le contrôle d'un téléviseur intelligent pour en faire un appareil de surveillance improvisé.

Les documents incluraient aussi des techniques d'espionnage numérique empruntées à la Russie et à d'autres pays.

Jonathan Liu, un porte-parole pour la CIA, a dit que l'organisation ne commentait pas sur l'authenticité ou le contenu de «supposés documents» du renseignement. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, a aussi refusé de commenter.

Les outils de piratage en tant que tel, dont certains ont été conçus par des pirates du gouvernement et d'autres acquis de sources externes, sont absents des fuites de WikiLeaks. Le site a dit ne pas avoir l'intention de relayer ces outils avant l'«émergence d'un consensus» sur le caractère politique du programme de la CIA et la mise au jour des manières d'analyser et de désamorcer de tels logiciels.

Les consommateurs de ces produits ont peu de recours, étant donné que la responsabilité de réparer les vulnérabilités de ces logiciels d'une manière qui pourrait bloquer l'efficacité des outils de piratage incombe aux principales entreprises technologiques. Ces révélations risquent de miner la confiance envers un programme gouvernemental de l'administration Obama, le processus d'évaluation des vulnérabilités (VEP), en vertu duquel les agences fédérales préviennent les sociétés technologiques des faiblesses dans leurs logiciels afin qu'elles puissent être corrigées rapidement.

Certaines entreprises technologiques ont affirmé mardi qu'elles examinaient les documents. Microsoft a dit se pencher sur les informations divulguées, tandis que le fabricant de l'application de messagerie Signal a soutenu que les supposés outils de la CIA affectaient les téléphones en fonction des usagers, mais pas la conception du logiciel ou les protocoles d'encodage.

Les documents montrent des partages à grande échelle d'outils et d'informations entre la CIA, la NSA et d'autres agence du renseignement aux États-Unis, de même qu'avec des services du renseignement de proches alliés tels que le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni.

WikiLeaks prétend que la CIA utilise ses bureaux principaux de Langley, en Virginie, et le consulat américain à Francfort, en Allemagne, comme bases pour ses pirates secrets.

Dans un geste inhabituel, WikiLeaks a indiqué qu'il évitait de publier certains secrets contenus dans les documents. Entre autres choses, il y aurait des détails sur des dizaines de milliers de «cibles de la CIA (...) en Amérique du Sud, en Europe et aux États-Unis».