Donald Trump, toujours à couteaux tirés avec ses services de renseignement, a promis jeudi de punir les auteurs des fuites dans la presse qui ont révélé des contacts entre ses proches et la Russie.

Devant l'ampleur des fuites, le président américain a menacé «d'attraper» les auteurs de ces fuites - qualifiés de «voyous» - qui ont révélé des contacts répétés l'an dernier entre son équipe de campagne et le renseignement russe, ainsi que des discussions entre son ex-conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn et un diplomate russe.

Des écoutes téléphoniques, rapportées par les quotidiens Washington Post et New York Times, de l'ambassadeur russe à Washington, Sergey Kislyak, ont révélé que Michael Flynn lui avait parlé des sanctions américaines contre la Russie - imposées le 29 décembre par Barack Obama pour l'interférence de Moscou dans la présidentielle -, laissant entendre qu'elles pourraient être suspendues après l'alternance.

Le ministère de la Justice avait rapidement mis en garde la Maison-Blanche que cette conversation exposait M. Flynn à des risques de chantage par Moscou. Il a été forcé à la démission lundi.

Les menaces - proférées sur Twitter par Donald Trump - n'ont pas empêché les fuites de se poursuivre. Le Wall Street Journal affirme jeudi matin que les agences de renseignement font de la rétention d'informations lors du breffage quotidien du président, craignant que son entourage ne soit «compromis» par ses liens avec la Russie.

Le Bureau du directeur du renseignement, qui chapeaute les 16 agences américaines, a démenti toute rétention d'information, selon un porte-parole cité dans le même journal.

«Détourner l'attention»

De fait, le New York Times a révélé mercredi, citant quatre responsables ou ex-responsables américains, que les services américains de renseignement possédaient des relevés d'écoutes de conversations tenues l'an dernier entre des membres de l'équipe de campagne du président et de hauts responsables du renseignement russe.

Les accusations de Donald Trump contrastent avec ses propos de campagne au cours de laquelle il s'était à l'inverse ouvertement félicité que le site WikiLeaks publie des courriels embarrassants de proches conseillers de son adversaire Hillary Clinton.

Les services américains de renseignement ont par la suite accusé la Russie d'avoir piraté le parti démocrate et transmis des courriels à WikiLeaks.

Malgré les preuves avancées par ses services, le président n'a pas hésité jeudi à accuser ses adversaires démocrates d'avoir «fabriqué» toute l'histoire pour justifier leur défaite à la présidentielle du 8 novembre.

M. Trump «discrédite» cette fois «les révélations, détournant ainsi l'attention de ce qui est révélé», a noté l'ancien secrétaire d'État adjoint de Bill Clinton, Strobe Talbott, actuel président de la Brookings, prestigieux centre de réflexion.

«Ces tweets suggèrent que le président est plus intéressé par chasser les auteurs des fuites que d'aller au fond des allégations extrêmement graves portées contre son administration», renchérit le blogue spécialisé dans les questions de sécurité nationale Lawfare, qui relève que certaines fuites proviennent de la Maison-Blanche elle-même.

Cette chasse aux auteurs des fuites - des lanceurs d'alerte pour leurs défenseurs - n'est pas nouvelle. L'administration Obama s'était montrée féroce dans sa poursuite contre les auteurs de fuites et ceux qui les relayaient dans la presse.

«Examen» des services

Le président pourrait charger le milliardaire Stephen Feinberg d'un «vaste examen» des agences de renseignement, affirme le New York Times citant plusieurs responsables de l'administration, faisant craindre à ces dernières de perdre leur indépendance.

Pendant que la Maison-Blanche et les services de renseignement se bagarrent par médias interposés, le président russe Vladimir Poutine a appelé jeudi au «rétablissement du dialogue» entre les services de renseignement russes et américains.

«Au plus haut niveau, il faut cultiver la collaboration en matière antiterroriste avec nos partenaires étrangers», a-t-il déclaré au cours d'une cérémonie devant les responsables des services secrets russes (FSB), ajoutant vouloir «le rétablissement du dialogue avec les services secrets des États-Unis et d'autres pays de l'OTAN».

Les déclarations du chef de l'État russe interviennent alors que Moscou montre des signes d'impatience concernant le rapprochement promis par Donald Trump avant son élection.