Donald Trump a promis lundi de répondre «fortement» à la Corée du Nord, qui a testé la veille un nouveau missile balistique, avant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur ce qui est perçu comme un défi lancé au nouveau président américain.

«La Corée du Nord est bien sûr un gros, gros problème. Nous nous en occuperons très fortement», a déclaré M. Trump lors d'une conférence de presse conjointe à la Maison-Blanche avec le premier ministre canadien Justin Trudeau.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir à 22h GMT à la demande des États-Unis, du Japon et de la Corée du Sud.

Les résolutions de l'ONU interdisent à Pyongyang tout programme nucléaire ou balistique. Depuis le premier essai nucléaire nord-coréen de 2006, le régime a essuyé six volées de sanctions qui ne l'ont pas convaincu d'abandonner ses ambitions militaires.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a «exprimé sa grande satisfaction à posséder un autre puissant moyen d'attaque nucléaire qui renforce la formidable puissance du pays», selon l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA.

«Les dirigeants nord-coréens doivent se conformer à leurs obligations internationales et (s'engager dans) la voie vers la dénucléarisation», a condamné le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, appelant la communauté internationale «à gérer cette situation de manière unie».

«Réponse forte»

La Chine et la Russie, membres permanents du Conseil, se sont jointes au concert international de condamnations de ce dernier tir.

«J'espère que le Conseil de sécurité va se mettre d'accord pour une réponse forte et claire», a déclaré l'ambassadeur du Japon aux Nations unies, Koro Bessho.

Le ministère américain de la Défense a pour sa part assuré que les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon disposaient ensemble des moyens nécessaires pour intercepter, le cas échéant, des missiles balistiques semblables à celui testé dimanche.

«Nous avons un système intégré que nous utilisons avec nos alliés, qui peut défendre le territoire américain métropolitain, l'Alaska, aussi bien que (...) le Japon et la Corée du Sud», a fait valoir le porte-parole du Pentagone Jeff Davis.

En 2016, Pyongyang a mené deux essais nucléaires et tiré une vingtaine de missiles dans sa quête des technologies qui mettraient le territoire américain à sa portée.

Le dernier engin a été tiré dimanche de l'ouest de la Corée du Nord. Il a parcouru environ 500 kilomètres avant de tomber en mer du Japon, selon le ministère sud-coréen de la Défense.

Sur des images de la télévision nord-coréenne, on voit que le missile a été tiré presque à la verticale, que son moteur s'allume après le lancement et qu'il change de direction en plein vol.

Des photographies publiées par KCNA montrent Kim Jong-Un assister tout sourire à l'événement sous les encouragements de dizaines de soldats et de scientifiques.

Selon KCNA, il s'agit d'un «missile sol-sol de moyenne à longue portée Pukguksong-2», alimenté par du combustible solide. Cela raccourcit le temps de ravitaillement comparé au combustible liquide, a expliqué Yun Duk-Min, analyste à l'Institut des affaires étrangères et de la sécurité de Séoul.

Ces missiles sont ainsi plus difficiles à détecter avant leur lancement, a-t-il ajouté.

Tester Trump

C'est la première fois que le Nord parle du Pukguksong-2. En août, cependant, il avait déclaré avoir mené un tir d'essai de Pukguksong-1 (ou «Étoile du nord») à partir d'un sous-marin.

Kim Jong-Un avait alors affirmé que ce missile mettait le Pacifique et le continent américain à portée du feu nucléaire nord-coréen.

Selon un responsable militaire sud-coréen, Pyongyang semble avoir fait appel à la technologie du «lancement froid» pour tirer le Pukguksong-2: le missile est éjecté par une cartouche de gaz avant que le moteur ne s'allume, un procédé jugé plus sûr et plus facile à masquer.

Le Nord a plusieurs fois revendiqué des avancées militaires qui ont laissé les analystes sceptiques. Il affirme avoir mis au point un missile balistique intercontinental (ICBM) mais n'en a pour l'instant jamais testé.

Le missile à la portée la plus longue testé par Pyongyang est le Musudan, de portée intermédiaire, capable en théorie d'atteindre les bases américaines sur l'île de Guam, dans le Pacifique. Mais la plupart des essais se sont soldés par des échecs.

D'après Séoul, le tir de dimanche était destiné à tester la réaction du nouveau président américain Donald Trump. Celui-ci a promis au Japon, allié régional clé de Washington, son soutien «à 100%».

Le président américain a pressé Pékin, principal allié et partenaire commercial de la Corée du Nord, de faire plus pour restreindre son voisin.

Trump défend sa politique de «bon sens» sur l'immigration

Le président américain Donald Trump a en outre défendu lundi sa politique migratoire qu'il a qualifiée de «bon sens», lors d'une conférence de presse avec le premier ministre canadien Justin Trudeau qui, lui, s'est engagé à poursuivre une politique «d'ouverture» envers les réfugiés.

Après avoir salué les relations entre leurs deux pays, alliés historiques qui partagent une grande frontière, les dirigeants américain et canadien ont laissé filtrer leur divergence d'approche sur la question migratoire.

«Nous devons créer des frontières», a estimé le président républicain à la Maison-Blanche, qui a promulgué le 27 janvier un décret --actuellement bloqué par la justice-- qui ferme temporairement les frontières des États-Unis aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane.

Certes, a-t-il poursuivi, «nous devons laisser entrer les personnes qui peuvent aimer notre pays» et «nous voulons avoir une grande et magnifique porte ouverte».

«Mais nous ne pouvons pas laisser les mauvaises personnes entrer» aux États-Unis, a expliqué le milliardaire. «Je ne laisserai pas ceci arriver sous mon administration. Les gens, les citoyens de notre pays veulent cela (...). C'est une posture de bon sens.»

Un bon sens agrémenté d'une dose de «fermeté», a insisté Donald Trump. «Nous ne voulons pas que notre pays connaisse le genre de problèmes auxquels nous assistons non seulement ici mais à travers le monde».

Troisième dirigeant étranger reçu à la Maison-Blanche sous l'ère Trump, Justin Trudeau a exposé une position différente.

Le Canada, a rappelé le premier ministre, est concentré sur la sécurité de ses citoyens.

Mais, en parallèle, «nous poursuivons notre politique d'ouverture envers les réfugiés sans compromettre notre sécurité», a affirmé M. Trudeau, soulignant que son pays avait accueilli près de 40 000 réfugiés ces dernières années.

Le dirigeant libéral a toutefois refusé de commenter la politique américaine en la matière. «La dernière chose qu'attendent les Canadiens est que je vienne donner des leçons à un autre pays sur sa façon de gouverner», a-t-il expliqué.

«Mon rôle, notre responsabilité», a-t-il plaidé, «est d'être un modèle dans le monde» en matière d'immigration.