Les opérations d'arrestations et d'expulsions de clandestins dans plusieurs villes des États-Unis, la semaine dernière, ont alimenté les craintes dans les communautés immigrées d'un durcissement de la répression sous l'impulsion du président Donald Trump.

Plus de 680 personnes en situation irrégulière, dont les trois quarts avaient un casier judiciaire, ont été arrêtées lors de ce coup de filet, présenté par les autorités comme similaire aux opérations régulièrement menées sous la présidence de Barack Obama. Ce nombre ne traduit effectivement pas d'intensification.

Mais la Maison-Blanche a affirmé de son côté qu'ils découlaient de la ligne dure promise par Donald Trump.

Dans le passé, l'administration Obama s'est vu reprocher par les associations d'avoir expulsé des centaines de milliers de sans-papiers chaque année.

Voici les dernières données disponibles, pour l'année budgétaire 2016 (octobre 2015-septembre 2016) et publiées en décembre 2016 par le département de la Sécurité intérieure.

Expulsions

Le nombre d'expulsions par les agents spécialisés du service de contrôle de l'immigration et des douanes (Immigration and Customs Enforcement, ICE) s'élevait à 240 255 en 2016, dont environ les trois quarts concernaient des personnes arrêtées peu après leur passage de la frontière. Un chiffre stable par rapport à 2015, mais en baisse par rapport au pic de 2012 (plus de 400 000).

Parmi ces expulsés, 65 000 avaient été arrêtés à l'intérieur des États-Unis et la grande majorité (92%) faisaient l'objet d'une condamnation pénale, une catégorie prioritaire définie par Barack Obama dans un décret de novembre 2014.

Environ 2000 membres de gangs ont été expulsés en 2016.

Les principaux pays d'origine des expulsés sont le Mexique (62% du total), le Guatemala (14%), le Honduras (9%) et le Salvador (9%).

La population clandestine aux États-Unis était estimée à 11,1 millions de personnes en 2014 par le Pew Research Center, un chiffre stable depuis 2009.

Cibles prioritaires

Les agents de ICE, un service d'environ 20 000 fonctionnaires, ont procédé à 114 434 arrestations sur le territoire américain en 2016 (-9% par rapport à 2015). Les personnes arrêtées ne sont pas forcément expulsées la même année.

Là encore, la grande majorité des immigrés ciblés avaient des antécédents pénaux. 59% d'entre eux correspondent à la catégorie 1 (sécurité nationale, frontière, condamnation pour un crime) et 30% à la catégorie 2 (principalement des personnes condamnées pour des faits de violence conjugale, des délits liés aux armes à feu, trafic de drogue, conduite en état d'ivresse...).

En pratique, les sans-papiers au casier judiciaire vierge ou condamnés pour des délits mineurs étaient rarement inquiétés.

Dans un décret du 25 janvier, Donald Trump a supprimé cette hiérarchie des priorités et ordonné aux agents de cibler tous ceux ayant été condamnés, ayant simplement commis un fait susceptible de poursuites, ou «posant un risque pour l'ordre public ou la sécurité nationale» à l'appréciation du «jugement de l'agent d'immigration».

C'est le caractère élargi et discrétionnaire de ce critère qui inquiète les associations de défense des sans-papiers.