Pour leur première rencontre à la Maison-Blanche, Donald Trump et Shinzo Abe ont loué la force des liens entre les États-Unis et le Japon et mis en scène leur bonne entente avant de s'envoler vers la  Floride pour un week-end de golf.

Loin, très loin de ses propos de campagne au cours de laquelle il avait évoqué une remise en cause de l'engagement militaire des États-Unis dans la région, M. Trump a adopté un ton très conciliant. Et souligné que l'alliance entre les deux anciens pays ennemis était «la pierre angulaire de la paix et de la stabilité dans la région du Pacifique».

Preuve d'un réalignement de l'administration Trump sur les positions traditionnelles des États-Unis vis-à-vis de cette région du monde, le nouveau locataire de la Maison-Blanche a aussi évoqué ses discussions avec son homologue chinois Xi Jinping. Lors de leur première conversation téléphonique jeudi soir, M. Trump a apaisé Pékin en assurant qu'il respecterait le principe de «la Chine unique».

Appelant de ses voeux une relation commerciale «libre, juste et réciproque» avec l'archipel nippon, le président républicain, est cependant resté évasif sur le devenir des discussions avec le Japon après l'abandon du Traité de libre-échange transpacifique (TPP).

Cet accord, auquel Tokyo était très attaché, était l'une des priorités de son prédécesseur Barack Obama, qui y voyait un indispensable contrepoids à l'influence grandissante de la Chine.

Dès vendredi matin, le dirigeant japonais s'était employé à démontrer que si Washington souffre d'un important déficit commercial avec Tokyo, la réalité des liens économiques entre les deux pays bénéficiait aussi largement à l'Amérique.

Il a ainsi rappelé que la plupart des voitures japonaises vendues aux États-Unis étaient «fabriquées dans des usines américaines par des ouvriers américains». Et souligné que les investissements japonais aux États-Unis totalisaient 411 milliards de dollars et avaient contribué à créer 840 000 emplois.

«Parler de l'avenir du monde»

Autre source de satisfaction pour le Japon: MM. Trump et Abe ont réaffirmé, dans communiqué publié à l'issue de leur rencontre, que le Traité de sécurité américano-japonais s'appliquait à l'archipel des Senkaku, appelé Diaoyu en chinois et revendiqué par Pékin. Ils ont exprimé leur opposition «à toute action visant à remettre en cause» l'administration de ces îles par le Japon.

L'Australie, le Mexique, l'Allemagne: nombre de dirigeants de pays alliés des États-Unis se sont fait tancer --ou ont été publiquement critiqués-- par le très impulsif nouveau président américain.

Le premier ministre japonais, qui a été le premier dirigeant étranger à rencontrer M. Trump après son élection grâce à des contacts noués avec son équipe bien en amont, a, lui, jusqu'ici eu droit à un traitement plus cordial. Et espère bien poursuivre dans la même veine.

Vendredi, il a longuement insisté sur la relation personnelle qu'il entendait bâtir avec «Donald» et multiplié les commentaires flatteurs à son égard.

«Vous êtes un excellent homme d'affaires, vous n'avez pas exercé de fonctions électives mais vous vous êtes battu pendant plus d'un an pour devenir président», a-t-il déclaré, ajoutant que le niveau de golf du milliardaire septuagénaire était bien supérieur au sien.

«Nous avons une très très bonne alchimie», a de son côté souligné le président américain en évoquant leur «amitié» avant de diriger ses derniers mots vers le week-end à venir: «Partons en Floride!».

Les deux dirigeants devaient rejoindre ensemble, à bord de l'avion présidentiel américain Air Force Once, la luxueuse résidence du milliardaire à Palm Beach.

Après un dîner vendredi soir en présence de leurs femmes, Melania Trump et Akie Abe, les deux hommes ont prévu de se retrouver samedi en tête-à-tête pour une partie de golf.

Le premier ministre japonais espère que ce moment dans une atmosphère décontractée lui permettra «de prendre le temps de parler avec Donald de l'avenir du monde et de l'avenir de la région».