Le Haut Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, a critiqué vendredi le décret du président américain ordonnant la suspension de l'entrée aux États-Unis des réfugiés et lancé un appel pour que ceux fuyant la guerre dans leurs pays puissent être accueillis dans d'autres.

« Ces personnes fuient le danger [...] Elles ne sont pas elles-mêmes dangereuses », a dit M. Grandi à propos des réfugiés, après une visite en Syrie. « Il faut les accueillir avec une accolade, avec solidarité et générosité et ne pas les considérer comme facteurs de risque ou une menace, car elles ne le sont pas », a-t-il insisté.

Le haut responsable onusien s'exprimait au Liban, pays qui accueille un million de réfugiés venus de Syrie, ainsi que 450 000 Palestiniens enregistrés par l'ONU.

Le décret signé par le président Donald Trump suspend notamment l'entrée aux États-Unis des réfugiés pendant 120 jours et en ce qui concerne les Syriens, ils sont interdits d'entrée sur le territoire américain jusqu'à nouvel ordre.

M. Grandi a déploré « un affaiblissement très dangereux de la solidarité internationale envers les réfugiés ».

Il a exhorté « les pays riches [...] à apporter leur soutien à des pays comme le Liban, le Kenya ou le Pakistan, qui ont bien moins de ressources mais accueillent des millions de réfugiés », et exprimé « l'espoir que les [États-Unis] reprennent leur important programme » d'accueil.

Selon le HCR, 20 000 personnes à travers le monde pourraient être affectées par la décision américaine pendant la période de suspension de 120 jours décrétée pour l'entrée des réfugiés aux États-Unis.

M. Grandi a affirmé le refus de l'ONU de toute discrimination envers les réfugiés. « Toute personne vulnérable, quelque soit son appartenance ethnique ou religieuse, doit avoir l'opportunité de bénéficier du programme » d'installation des réfugiés aux États-Unis quand celui-ci reprendra, a-t-il dit alors que Washington envisagerait de donner la préférence aux minorités religieuses.

M. Grandi a d'autre part écarté l'idée de créer des « zones sécurisées » en Syrie pour régler le problème des réfugiés, alors que cinq millions de Syriens ont fui leur pays depuis le début en mars 2011 du conflit qui a fait plus de 310 000 morts sans règlement politique en vue.

Pour ce responsable de l'ONU, les conditions n'existent pas pour établir des « zones sécurisées » en Syrie : « Ne perdons pas notre temps en réfléchissant à la mise en place de telles zones car elles ne seront pas assez sécurisées pour permettre aux gens de revenir ».

« Concentrons-nous plutôt sur l'instauration de la paix pour que toute la Syrie puisse être en sécurité », a-t-il affirmé.

Photo Omar Sanadiki, REUTERS

Le Haut Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, a rencontré des enfants à Jibreen, en banlieue d'Alep, le 1er février.