Donald Trump s'apprête à révéler quel magistrat conservateur il entend nommer au neuvième siège vacant de la Cour suprême des États-Unis, un choix lourd de conséquences pour l'évolution de la société américaine.

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«Il s'agit d'une personne incroyablement hautement respectée et je pense que vous allez être très impressionnés par cette personne», a assuré le dirigeant républicain, qui a avancé de 48 heures son annonce initialement prévue jeudi.

Celle-ci interviendra «à 20h00 mardi en direct de la Maison-Blanche», a tweeté le nouveau président, suspecté de chercher une diversion médiatique face au tollé international suscité par son décret de fermeture partielle des frontières.

La nomination d'un magistrat conservateur à la Cour suprême était l'une des principales raisons avancées par les électeurs de Donald Trump pour justifier leur choix du milliardaire, et ce dernier leur a donné à maintes reprises des gages d'assurance. En dévoilant son choix, M. Trump jouera donc sur du velours.

Gardienne de la Constitution, la haute cour tranche les grands débats de la société américaine. Chacun de ses membres est nommé à vie par le président en exercice, puis confirmé par un vote du Sénat.

Donald Trump avait durant sa campagne publié une liste de 21 candidats potentiels pour le poste prestigieux, la plupart étant blancs et la liste ne comportant que quatre femmes.

L'heureux élu sera conservateur, opposé à l'avortement mais défenseur du port d'armes individuelles, avait promis M. Trump.

Ayant selon les experts atteint le rang des finalistes, Neil Gorsuch, magistrat à la cour d'appel fédérale de Denver et Thomas Hardiman, juge à la cour d'appel fédérale de Pittsburgh, se trouvaient mardi après-midi à Washington, a rapporté CNN.

Balancement à droite 

Cela fait presque un an que le Temple du droit, sur la colline du Capitole, n'a que huit juges au lieu de neuf. Avec quatre magistrats conservateurs et quatre progressistes, la plus haute instance judiciaire américaine fonctionne, mais est menacée de blocage.

Le choix qu'annoncera M. Trump va arrimer l'institution à droite, possiblement le temps d'une génération, au grand soulagement des religieux traditionalistes, des militants des armes à feu, des partisans de la peine de mort ou des puissants intérêts financiers.

Son collège normal de neuf juges était tombé à huit en février 2016 en raison du décès d'Antonin Scalia, pilier de la droite conservatrice.

Le prédécesseur démocrate de Donald Trump, Barack Obama, avait proposé le magistrat Merrick Garland en mars pour le remplacer mais le Sénat, dominé par les républicains, a refusé de l'auditionner.

Cette politique d'obstruction, critiquée car sabotant le jeu normal des institutions, a donc fini par payer pour les républicains.

Mais à Washington, les républicains peuvent s'attendre à un retour de bâton du camp des démocrates.

«Traîner les pieds» 

Le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, a promis de s'opposer «bec et ongles» à un choix qu'il jugerait inacceptable.

Le porte-parole de Donald Trump a par avance dénoncé lundi une tactique des démocrates consistant à «traîner les pieds» et «faire un jeu politicien».

«Le président a le droit que les personnes qu'il nomme soient auditionnées», a affirmé Sean Spicer, apparemment oublieux du fait que M. Trump affirmait précisément le contraire après la nomination du juge Garland par Barack Obama.

Les républicains contrôlent 52 sièges du Sénat mais auront besoin de 60 votes pour adouber le magistrat choisi par Donald Trump. M. Spicer s'est déclaré mardi confiant sur le ralliement d'au moins huit démocrates.

«Cette personne a les qualifications, l'expérience et la pensée juridique à même de lui assurer le soutien des deux partis», a-t-il affirmé.

Étant donné l'âge avancé de certains des juges actuels de la Cour suprême, Donald Trump pourrait être amené à remplacer durant son mandat non pas un mais plusieurs membres de l'institution.

Lors d'un débat présidentiel, il avait affirmé qu'avec les juges qu'il nommerait la Cour suprême pourrait à terme «automatiquement» annuler «Roe v. Wade», l'arrêt emblématique par lequel elle a reconnu en 1973 le droit des femmes à l'avortement.