Le président américain Donald Trump participe jeudi au séminaire des républicains du Congrès à Philadelphie dans le but de caler la stratégie pour la première année du mandat, et aplanir les différends entre l'exécutif et la majorité.

Le parti républicain, qui contrôle tout le pouvoir à Washington pour la première fois depuis 2006, fait de son mieux depuis la victoire du milliardaire en novembre pour mettre en valeur les points d'accord et minimiser les divergences qui existent notamment sur la santé, le budget, les infrastructures, ou tout simplement sur les prises de parole intempestives du nouveau maître de Washington.

«Ce sera une présidence non conventionnelle, je pense que tout le monde est désormais au courant», a reconnu Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, lors d'un point presse avant l'arrivée, en milieu de journée, du président lui-même. «Il y aura des activités non conventionnelles, comme des tweets, et c'est une chose à laquelle nous allons devoir nous habituer».

La première ministre britannique, Theresa May, fera également le voyage jeudi, au moment où elle tâche d'esquisser les contours de la future relation commerciale entre les deux alliés. Elle verra Donald Trump vendredi à la Maison-Blanche.

Le commerce, justement, est l'un des points d'achoppement idéologiques entre l'aile libre-échangiste du parti républicain, représentée par des figures comme Paul Ryan, et la frange protectionniste incarnée par Donald Trump.

Parmi ses premiers actes présidentiels, l'homme d'affaires devenu président a retiré les États-Unis du traité de libre-échange transpacifique péniblement négocié par son prédécesseur Barack Obama, et qui n'avait d'ailleurs jamais été ratifié. Sa promesse de renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain inquiète aussi à droite, et les parlementaires auront leur mot à dire au Congrès.

«Pas de chèque en blanc» 

Les chefs républicains tentaient d'éviter de parler des tweets du président, qui représentent à leurs yeux des distractions malvenues face au programme massif de réformes conservatrices qu'ils veulent voter cette année.

Donald Trump a par exemple annoncé mercredi le lancement d'une «grande enquête» sur de prétendues fraudes électorales lors du scrutin présidentiel, lors duquel il affirme que jusqu'à cinq millions de personnes ont voté illégalement.

«Je n'ai pas vu de preuve», a dû répondre, mal à l'aise, le sénateur républicain John Thune à Philadelphie.

Les propos de Donald Trump sur la torture («ça marche») se heurtent à l'opinion des chefs républicains, qui n'ont aucune intention de rouvrir ce dossier miné et préfèrent parler de réforme fiscale.

«La torture n'est pas légale. Nous sommes d'accord pour qu'elle reste illégale», a répété, poliment mais sans équivoque, Paul Ryan.

Au-delà de ces désaccords, les chefs républicains se préparent à légiférer vite pour abroger la réforme du système de santé de 2010, surnommée Obamacare, et voter leur propre réforme. Ils sont d'accord avec Donald Trump sur l'objectif final: faire baisser le coût de l'assurance maladie dans le pays.

Mais le diable se niche dans les détails, et aucun projet de loi ne semble unifier à ce stade les diverses sensibilités du parti. Qui assurer, comment, à quel prix, quand... sont des questions qui restent sans réponse.

Sur la grande baisse d'impôts promise (de 35% à 15% pour l'impôt sur les sociétés, par exemple), le terrain d'entente est plus large mais pas encore inscrit dans le marbre.

Les leaders républicains ont pour objectif de faire adopter la réforme de la santé et la réforme fiscale en 2017, a répété Paul Ryan, avec l'ambition d'y parvenir avant les vacances d'août.

Il faudra aussi financer la construction du mur à la frontière avec le Mexique, un chantier chiffré mercredi par lui entre 12 et 15 milliards de dollars.

D'ici là, ils n'entendent pas commenter chaque déclaration ou saillie du président Trump. Sans non plus lui lâcher la bride.

«Cela aurait été particulièrement absurde de signer des chèques en blanc à l'administration précédente, et nous n'allons pas non plus donner à celle-ci un chèque en blanc», a prévenu le chef de file des républicains du Sénat, Mitch McConnell.