Le secrétaire d'État américain sortant John Kerry a entamé lundi à Berlin une tournée en forme d'adieux en Europe pour renforcer les liens transatlantiques, six semaines avant l'investiture du président élu Donald Trump qui inquiète sur le Vieux continent.

Le chef de la diplomatie américaine qui, comme l'ensemble de l'administration du président Barack Obama, passera la main le 20 janvier, a choisi l'Allemagne et Bruxelles, siège de l'OTAN et capitale de l'Union européenne, pour ce qui devrait être l'un de ses tout derniers voyages dans la «Vieille Europe» où il s'est rendu des dizaines de fois en quatre ans.

John Kerry est arrivé à la mi-journée à Berlin pour s'entretenir avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. Les deux hommes devraient parler des grands dossiers chauds du moment: Syrie, Yémen, Libye, Ukraine et préparer la réunion mardi et mercredi à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN, puis la rencontre ministérielle, mercredi et jeudi à Hambourg, des 57 pays membres de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Pour la guerre en Syrie, au sujet de laquelle les efforts de règlement déployés par John Kerry sont restés vains, des discussions se poursuivent à un niveau technique et subalterne entre Russes et Américains à Genève. Mardi ou mercredi, les deux puissances devraient parler du départ de «tous les rebelles» de la ville d'Alep bombardée sans relâche par les forces du régime et celles de la Russie, a annoncé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Merkel «leader du monde libre»

À Berlin, le chef de la diplomatie allemande, qui sera bientôt le président de son pays, doit décerner à John Kerry la Grande Croix de première classe dans l'Ordre du mérite, l'une des récompenses les plus prestigieuses de la République fédérale pour les efforts du chef de la diplomatie américaine contre le réchauffement climatique, la non-prolifération nucléaire, le groupe Etat islamique...

Les États-Unis et l'Allemagne restent des alliés extrêmement proches.

Berlin avait accueilli mi-novembre le président Obama pour son dernier voyage en Europe et où il avait rendu un hommage très appuyé à la chancelière Angela Merkel, semblant vouloir lui passer le flambeau de «leader du monde libre».

Car en Asie et en Europe, les alliés historiques de l'Amérique s'inquiètent de l'arrivée le 20 janvier à la Maison-Blanche de Donald Trump perçu comme plus isolationniste et protectionniste.

D'autant que le candidat Trump était resté très flou sur sa politique étrangère et avait vivement critiqué le principe fondateur de l'OTAN basé sur la solidarité en cas d'agression. Il a aussi maintes fois répété qu'il voulait se rapprocher de la Russie de Vladimir Poutine, en dépit des crises en Ukraine et en Syrie.

Depuis quelques jours, le président républicain élu fait montre également du peu de respect qu'il a pour les usages diplomatiques en prenant au téléphone, sans coordination avec l'administration démocrate sortante, nombre de dirigeants étrangers.

Il multiplie aussi sur Twitter les commentaires acerbes contre la Chine, qu'il a froissée en parlant au téléphone -- une première en près de 40 ans -- avec la présidente de Taïwan Tsai Ing-wen.

Devant la stupéfaction d'une partie de la classe politique et de diplomates américains, John Kerry a souligné dimanche soir devant la Brookings à Washington qu'il se tenait «à un millier de kilomètres» du processus de transition. Mais «on ne nous a pas contactés avant ces conversations et on ne nous a pas demandé d'apporter des éléments de langage», a-t-il déploré.