Le président américain désigné Donald Trump a couvert d'éloges le Pakistan, son peuple et son premier ministre lors d'un échange dont la teneur - rapportée par Islamabad - tranche radicalement avec ses précédentes positions sur ce même pays.

Les deux hommes se sont entretenus au téléphone à l'initiative du chef du gouvernement pakistanais Nawaz Sharif, qui a appelé M. Trump pour le féliciter de sa victoire.

Le gouvernement pakistanais a publié dans la nuit de mercredi à jeudi un compte-rendu inhabituellement direct de leur conversation, dans lequel apparaissent des tournures de langage typiques de M. Trump.

«Vous êtes un type super. Vous faites un travail extraordinaire, qui se voit partout. Je suis impatient de vous rencontrer bientôt. En vous parlant, M. le Premier ministre, j'ai l'impression de parler à une personne que je connais depuis longtemps», a déclaré M. Trump à son interlocuteur, selon les propos rapportés par le gouvernement pakistanais.

«Votre pays est extraordinaire, avec des opportunités énormes. Les Pakistanais sont l'un des peuples les plus intelligents qui soient», a-t-il encore déclaré selon ce texte.

Invité par M. Sharif à lui rendre visite, M. Trump a affirmé qu'il «aimerait beaucoup venir dans un pays fantastique, endroit fantastique où vivent des gens fantastiques».

Si cela se concrétisait, M. Trump serait le premier président américain à se rendre au Pakistan depuis la venue de George W. Bush durant la dictature militaire de Pervez Musharraf en 2006.

«Sa visite serait tout à fait bienvenue», a assuré jeudi un porte-parole du ministère des Affaires étrangères pakistanais, ajoutant: «nous souhaitons renforcer (...) encore la relation existant» entre les deux pays.

Donald Trump a également proposé d'aider à résoudre les problèmes du Pakistan, qui fait notamment face à des violences extrémistes.

«Je suis (...) partant pour jouer le rôle que vous souhaiterez que je joue pour s'attaquer aux problèmes en suspens», a-t-il dit, toujours selon Islamabad.

Au premier ministre pakistanais, actuellement englué dans des poursuites pour corruption, M. Trump a déclaré qu'il avait «une très bonne réputation».

Le bureau de M. Trump a confirmé la conversation téléphonique, mais en a donné un compte-rendu plus sobre, assurant que les deux hommes avaient eu «une conversation fertile sur la façon d'assurer une relation forte dans l'avenir entre les États-Unis et le Pakistan».

«Pas notre ami»

La teneur du texte d'Islamabad a provoqué la stupeur dans la presse et sur les réseaux sociaux, où les internautes rappelaient la rhétorique anti-islam de Donald Trump avant son élection, et ses précédents propos très critiques envers le Pakistan.

Le 17 janvier 2012, il avait écrit sur Twitter: «Que cela soit clair: le Pakistan n'est pas notre ami. Nous leur avons donné des milliards et des milliards de dollars, et qu'avons-nous eu en retour? Trahison, manque de respect - et pire encore. #ilfautêtreferme».

Les Pakistanais se montrent également inquiets de sa proximité affichée avec l'Inde rivale, dont le premier ministre Narendra Modi s'était entretenu avec Donald Trump quelques heures après son élection.

Le candidat républicain avait courtisé les électeurs d'origine indienne pendant la campagne. Depuis son élection, il a rencontré des hommes d'affaires indiens et a choisi comme ambassadrice à l'ONU une Américaine fille d'immigrés indiens, Nikki Haley.

Le Pakistan est très dépendant de l'aide américaine et devrait recevoir environ un milliard de dollars en aide économique et militaire pour l'année fiscale 2017.

Mais le pays a accueilli l'élection de M. Trump avec circonspection, s'interrogeant sur ses conséquences sur l'aide américaine et les relations bilatérales souvent chaotiques entre les deux pays.

Certains internautes ont salué ces propos comme une bonne surprise tandis que d'autres se montraient plus sceptiques.

«Je suis toujours en train d'essayer de comprendre ce coup de fil bizarroïde Trump-Sharif. Qui aurait pu penser que Trump deviendrait un promoteur d'une image positive du Pakistan ?» a tweeté Michael Kugelman, chercheur au Woodrow Wilson Center à Washington.

Ce spécialiste de l'Asie du Sud a toutefois averti qu'il ne fallait pas tirer trop de conclusions des propos de Donald Trump, étant donné qu'il peut être très «imprévisible».