Le président élu des États-Unis, Donald Trump, cherche à faire taire les critiques sur ses conflits d'intérêts en annonçant qu'il se mettrait en retrait de son empire immobilier avant d'entrer à la Maison-Blanche, le 20 janvier.

Dans sa tour à Manhattan, le milliardaire populiste a continué de former son gouvernement en nommant au petit matin son équipe économique: un banquier de Wall Street, Steven Mnuchin, secrétaire au Trésor et un autre milliardaire, Wilbur Ross, secrétaire au Commerce.

Dans des tweets matinaux, Donald Trump a annoncé qu'il tiendrait le 15 décembre à New York une «conférence de presse majeure» en présence de ses enfants. Elle portera «sur le fait que je quitterai ma formidable entreprise afin de me concentrer entièrement et totalement à la direction du pays et à redonner à l'AMERIQUE SA GRANDEUR!», a tweeté le prochain président américain, reprenant son slogan de campagne.

Car de nombreuses questions sur les conflits d'intérêts ont été soulevées par l'arrivée inédite à la Maison-Blanche d'un richissime homme d'affaires à la tête d'un empire aux ramifications internationales.

M. Trump a réaffirmé que légalement il n'avait aucune obligation de s'isoler de la gestion de son entreprise. Mais «je sens que c'est important (...) de n'avoir aucun conflit d'intérêt avec mes diverses affaires, en tant que président», a-t-il toutefois souligné. Il a assuré qu'il allait se «retirer totalement des opérations de gestion des affaires» car «la présidence est une tâche bien plus importante!».

Il envisagerait de passer la main à trois de ses enfants, Ivanka, Eric et Donald Jr, selon les maigres détails qu'il a donnés depuis qu'il s'est lancé dans la course présidentielle en juin 2015.

Pour nombre d'experts cependant, cela ne réglera en rien les problèmes de conflits d'intérêts, ces trois enfants étant ses proches conseillers et jouant un rôle actif dans les nominations de la future administration Trump.

Symbole anti-délocalisations

Symbole de sa politique anti-délocalisations, Donald Trump est attendu jeudi avec son vice-président élu Mike Pence à Indianapolis dans une usine du fabriquant de climatiseurs Carrier. Cette filiale du géant United Technologies a annoncé qu'elle renonçait à délocaliser 1000 postes au Mexique, assurant sur Twitter avoir «conclu un accord avec le président élu».

Cette visite chez Carrier sera la première étape d'une sorte de «voyage de la victoire» que le président élu va effectuer dans les États industriels clés tombés le 8 novembre dans son escarcelle. Il tiendra un rallye jeudi soir à Cincinnati.

Les deux ministres nommés mercredi, MM. Mnuchin et Ross, seront justement chargés d'appliquer la politique économique de M. Trump, lequel a promis de revenir sur les accords de libre-échange signés par les États-Unis et de préserver les emplois industriels.

Mais le nouveau secrétaire au Commerce a rejeté les accusations de protectionnisme.

«Protectionnisme n'est pas un terme significatif, c'est péjoratif», a contesté M. Ross, estimant sur CNBC que les administrations précédentes avaient «fait beaucoup de commerce stupide et c'est ce que nous allons corriger», notamment en «augmentant les exportations américaines».

La mise en oeuvre de la politique de Washington en matière d'échanges internationaux ne relève toutefois pas directement du secrétaire au Commerce, mais du Représentant spécial pour le commerce (USTR), qui n'a pas encore été nommé.

En outre, ni Steven Mnuchin, 53 ans, ni Wilbur Ross, 79 ans, n'ont d'expérience en politique.

Mais ils soutiennent Donald Trump depuis longtemps. M. Ross avait travaillé avec le magnat de l'immobilier lorsque certains de ses casinos étaient en difficultés à la fin des années 1980. Quant à M. Mnuchin, il a affirmé sur CNBC «comprendre ce qu'il faut faire pour redresser l'économie» des États-Unis.

La première économie mondiale se porte déjà bien avec un taux de croissance plutôt élevé (3,2% en rythme annualisé au 3e trimestre) et un taux de chômage faible (4,9%).

«L'homme qu'il nous faut»

D'autres ministères stratégiques doivent encore être pourvus.

Mais selon l'entourage du président élu, il n'y aura pas d'autres nominations cette semaine, alors que celles du secrétaire d'État (Affaires étrangères) et de secrétaire à la Défense semblaient imminentes.

Pour son chef de la diplomatie, Donald Trump hésite entre le républicain modéré Mitt Romney, l'ancien patron de la CIA David Petraeus, le sénateur républicain Bob Corker et l'ancien maire à poigne de New York Rudolph Giuliani. L'ancien candidat à la présidentielle 2012, M. Romney, qui avait traité M. Trump de «charlatan» et «imposteur», a passé mardi une «merveilleuse soirée» avec lui dans un restaurant français trois étoiles de New York. Le président élu «est justement l'homme qu'il nous faut pour nous conduire vers (un) avenir meilleur», a assuré le cacique républicain.

AP

Steven Mnuchin