La journaliste ayant rapporté des allégations non vérifiées de viol collectif était de retour en cour, vendredi, alors que le magazine Rolling Stone est traduit en justice pour ce texte qu'il a officiellement retiré.

Dans son article intitulé A Rape on Campus (Un viol sur le campus), Sabrina Rubin Erdely a relaté le témoignage poignant d'une étudiante qui disait avoir été agressée sexuellement par sept membres d'une fraternité à l'Université de Virginie.

L'enquête policière a plus tard révélé qu'aucune preuve n'appuyait les allégations de cette jeune femme, que Mme Erdely avait surnommée «Jackie».

Vendredi, les avocats de Rolling Stone ont présenté aux membres du jury un enregistrement audio de deux heures, dans lequel on peut entendre une entrevue datant de septembre 2014 entre Mme Erdely et Jackie.

Jackie avait alors confié à la journaliste qu'elle s'était fait tatouer dans le but de commémorer son cheminement après l'incident. Plus tard, la jeune femme lui avait même montré le tatouage en personne.

L'avocat de la défense Scott Sexton a demandé à la journaliste si elle aurait alors pu concevoir que quelqu'un ferait une chose pareille afin de souligner un événement ne s'étant pas produit.

«Jamais», a-t-elle répondu.

Dans l'entrevue téléphonique, Jackie semble pétillante et enthousiaste à l'idée de livrer son témoignage. Elle s'est cependant montrée hésitante lorsque Mme Erdely a cherché à publier le nom de la fraternité mise en cause. Jackie a alors dit craindre pour sa sécurité.

«J'avais l'impression que nous avions développé une relation de confiance et chaleureuse», a affirmé l'auteure de l'article.

Elle a ajouté que la jeune fille fournissait de nombreux détails, notamment en racontant ses cauchemars dans la foulée du viol.

La poursuite de 7,8 millions $ US contre le magazine est intentée par une cadre de l'université. Nicole Eramo accuse l'article de la présenter comme «la vilaine en chef». Ses avocats devront donc démontrer que Rolling Stone savait - ou aurait dû savoir - que ce qu'il publiait n'était pas vrai.

Depuis le début du procès, lundi dernier, les avocats de la poursuite ont insisté sur les doutes qu'aurait étouffés Mme Erdely quant à la crédibilité de sa source. Ils ont également soutenu qu'il était irresponsable de se fier ainsi à quelqu'un consommant des antidépresseurs et souffrant potentiellement d'un trouble de stress post-traumatique.

La fraternité Phi Kappa Psi traduit également Rolling Stone en justice, pour 25 millions $ US. Le procès doit avoir lieu l'an prochain.