La criminalité violente est repartie à la hausse en 2015 aux États-Unis, a annoncé lundi la police fédérale, une détérioration relative qui pourrait être exploitée par Donald Trump dans son débat avec Hillary Clinton.

Le FBI a comptabilisé l'an dernier 1 197 704 infractions pénales commises avec violence, soit une augmentation de 3,9% par rapport à 2014.

Les homicides volontaires sont notamment en hausse de près de 11%, les armes à feu étant impliquées dans plus de deux cas sur trois, selon ce rapport annuel.

Ce net dérapage en 2015 s'explique principalement par une aggravation dans sept métropoles américaines, aux causes mal comprises: Chicago, Baltimore, Houston, Milwaukee, Philadelphie, Kansas City et Washington, la capitale fédérale.

Ces statistiques ont été annoncées juste avant le premier débat devant opposer les deux candidats à la Maison-Blanche, un événement phare qui laissera une large place aux questions de sécurité intérieure.

La publication de ce rapport est également intervenue alors qu'un homme a ouvert le feu lundi matin devant un centre commercial de Houston au Texas, blessant neuf personnes, avant d'être abattu par les forces de l'ordre.

Fusillade à Houston

Le tireur a été identifié comme étant un avocat en conflit avec le cabinet qui l'employait. Six victimes ont été hospitalisées, dont une en «état critique».

Un autre tireur a lui fait cinq morts vendredi à Burlington, une petite ville du nord-ouest du pays, avant d'être arrêté.

Officiellement soutenu par le principal lobby américain des armes, Donald Trump ne cesse de décrire les États-Unis comme un pays menacé par une immigration incontrôlée, qu'il accuse d'être directement liée à la délinquance violente et au trafic de stupéfiants.

Ne cessant de dénoncer la prétendue faiblesse du gouvernement démocrate de Barack Obama sur le thème de la sécurité, le candidat républicain pourrait s'appuyer lundi soir sur le rapport du FBI pour enfoncer le clou.

La semaine dernière, le milliardaire a par ailleurs appelé à la généralisation d'une technique policière de contrôles inopinés, qui a été rejetée par la justice comme discriminatoire contre les Noirs.

La recrudescence des infractions violentes aux États-Unis s'inscrit toutefois dans une tendance de baisse de la criminalité depuis une vingtaine d'années, les niveaux n'ayant plus rien à voir avec les pics constatés dans les années 1990.

Rien à voir avec le passé récent

«Le nombre de viols est moins élevé qu'en 2009, le nombre de vols est moins élevé qu'en... 2013, et les agressions sont moindres qu'en 2010. Cela reste sûr», a commenté John Pfaff, un pénaliste de l'université Fordham.

La Maison-Blanche a de son côté affirmé que les États-Unis étaient aujourd'hui «plus sûrs» que sous les quatre prédécesseurs de Barack Obama.

«Le président pense que l'on peut et que l'on doit faire davantage», a déclaré lundi son porte-parole, Josh Earnest, en rappelant les efforts vains de M. Obama pour lutter contre la dissémination des armes individuelles.

Dans le classement du FBI, la catégorie «criminalité violente» englobe meurtres, violences ayant entraîné la mort, viols, vols accompagnés de menaces ou violences et agressions avec violences ou armes.

Les atteintes aux biens comme les cambriolages (-8%), les vols simples (-2%) sont eux en baisse, mais les vols de voiture enregistrent une hausse de 3%.

Les experts peinent à expliquer précisément pourquoi le rythme des homicides est reparti à la hausse dans plusieurs grandes villes américaines en 2015 et 2016, notamment à Chicago, où les autorités ont déjà enregistré plus de 500 homicides depuis début janvier, soit davantage que sur toute l'année précédente.

Ils affirment que différents facteurs jouent selon les villes, en premier lieu la drogue, la guerre des gangs et la prolifération des armes.

Sur les quelque 1600 meurtres supplémentaires enregistrés en 2015, a analysé M. Pfaff sur Twitter, environ la moitié se sont produits dans des grandes villes.