Miami fait face à ses premiers cas de contamination autochtone par le virus du Zika, mais officiellement le message est clair: pas besoin de s'en faire, tout est sous contrôle.

Difficile toutefois de ne pas s'inquiéter quand les restaurants mettent sur leurs tables des bouteilles de produits antimoustiques à la disposition des clients.

La célèbre station balnéaire du sud-est des États-Unis est la première sur le continent nord-américain à enregistrer des cas de personnes infectées localement par le virus du Zika.

L'épicentre de cette contamination autochtone se trouve dans le quartier de Wynwood, aimant à touristes et jeunes branchés attirés par ses grandes fresques de « street art », galeries, nombreux bars et restaurants. Il s'étend à proximité du centre-ville, sur un peu moins de 2 km2.

La zone a été abondamment traitée avec des insecticides mais malgré l'optimisme des autorités, les commerçants ne prennent aucun risque.

Grace Della par exemple, qui organise des balades culinaires à Miami, a pour le moment interrompu ses activités en raison de craintes pour la santé de ses employés et clients.

« Plus de 90 personnes ont déprogrammé, c'est un gros coup dur », dit-elle.

Les autorités américaines ont émis lundi un avis déconseillant à toutes les femmes enceintes de se rendre à Wynwood. Le virus du Zika peut causer de graves malformations congénitales chez les bébés.

Depuis, Wynwood Yard, un centre culturel qui organise des concerts et autres activités en plein air, a fermé ses portes également.

Toutefois, d'autres commerçants travaillant dans des locaux équipés d'air conditionné, qui repousse les moustiques, estiment que les exemples de Wynwood Yard et des circuits gastronomiques de Grace Della restent isolés.

« Ce sont des types d'entreprises particuliers, qui opèrent en extérieur », note ainsi Joaquin Cintron, gérant du salon de coiffure Razzle Dazzle. « En général, les gens réagissent de manière positive ».

Son salon est comme une carte postale du quartier en plein embourgeoisement de Wynwood, où les hipsters côtoient d'autres habitants aux revenus modestes.

« Effet médiatique »

Il est encore trop tôt pour dire si l'épidémie de Zika va nuire au secteur du tourisme. Les autorités font en tout cas tout pour éviter la panique.

« À partir du moment où tout le monde prend ses précautions, il n'y a pas besoin de paniquer à propos d'un éventuel effet sur l'économie du tourisme », dit ainsi Ken Russell, conseiller municipal d'une partie de Miami qui inclut la zone touchée par le Zika.

En fait, les médias pourraient bien constituer la principale source d'inquiétude, estime Carolin Lusby, professeur à l'école de management touristique de l'université internationale de Floride.

Elle cite en exemple l'impact qu'Ebola et la grippe porcine ont eu sur le tourisme en d'autres endroits du monde: « Une couverture négative a un effet économique négatif », mais les choses rentrent rapidement dans l'ordre, dit-elle à l'AFP.

« Les gens sont au courant et changent leurs plans de voyage, en raison notamment de l'effet de généralisation et des craintes que cela affecte toute la Floride, ou tout le sud des États-Unis », estime-t-elle.

Mais elle note cependant que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a pas émis de restrictions pour Miami.

Les autorités locales insistent donc sur le fait que la Floride reste « sûre et ouverte aux affaires », comme l'a affirmé le gouverneur Rick Scott.

Le comté de Miami-Dade a pulvérisé des insecticides dans la zone touchée de Wynwood, au sol et par voie aérienne. Des vaporisateurs antimoustiques sont distribués aux visiteurs et une page internet permet aux passants de signaler les endroits où ils voient de l'eau stagnante, propice au développement des moustiques.

Le maire de Miami Tomas Regalado va même jusqu'à affirmer que « Wynwood est, je crois, l'endroit le plus sûr du sud de la Floride puisque la zone a été traitée ».

Mais une journaliste de l'AFP a pu constater combien les moustiques restent assoiffés et piquent encore dans ce quartier.