Un Américain condamné pour le meurtre de son ancienne petite amie, une affaire qui avait inspiré le podcast Serial au succès mondial, va être rejugé, a ordonné jeudi un magistrat dans un coup de théâtre procédural.

Emprisonné depuis plus de 16 ans, Adnan Syed n'a jamais cessé de clamer son innocence. Son sort a passionné des millions d'auditeurs, partagés sur l'innocence ou la culpabilité de ce fils d'immigrés pakistanais, qui n'avait que 17 ans au moment des faits.

Aujourd'hui trentenaire, il avait été condamné en février 2000 à la prison à vie pour le meurtre en 1999 de son ancienne petite amie Hae Min Lee, une étudiante de 18 ans d'origine sud-coréenne.

Or, son avocat à l'époque a commis la faute de ne pas contre-interroger un expert en télécommunications sur la fiabilité de la localisation du téléphone portable de Syed grâce aux tours de téléphonie cellulaire, a justifié dans sa décision le juge de Baltimore Martin Welch.

Ces données de bornage, à l'exactitude très controversée, avaient été déterminantes pour emporter la condamnation du jeune homme.

«Nous avons obtenu un nouveau procès pour Adnan Syed!!!», a confirmé jeudi dans un tweet Justin Brown, l'avocat du condamné.

Le meurtre à Baltimore de Hae Min Lee et le procès de Syed n'avaient à l'époque guère attiré l'attention au-delà des limites de l'État du Maryland, où se trouve la cité portuaire.

Mais, 14 ans plus tard, cette affaire a au contraire suscité un intérêt dépassant largement les frontières américaines, grâce à une enquête journalistique de Sarah Koenig, diffusée en épisodes hebdomadaires, à la manière d'un feuilleton radiophonique.

Baptisé Serial, ce podcast a été téléchargé des millions de fois, chaque épisode étant disséqué par une communauté croissante d'auditeurs refaisant l'enquête.

Après avoir été nombreux à se captiver pour Serial, les Américains devraient logiquement se passionner pour le troisième procès d'Adnan Syed.

Le succès de Serial a été comparé à celui de Making a Murderer, une série diffusée par Netflix qui a jeté un sérieux doute sur la culpabilité de Steven Avery, un homme condamné à la prison à vie pour le meurtre en 2005 d'une photographe.