Dans la tristesse mais aussi la défiance, des milliers de personnes ont participé dimanche à la Fierté gaie de Los Angeles, quelques heures après l'attentat d'Orlando et alors que la police avait indiqué qu'un homme arrêté avait prévu d'attaquer cette marche pour la défense des homosexuels.

«Je suis sous le choc» déclare Marpa Franzoni, 28 ans, à propos de l'attaque dans une boîte de nuit homosexuelle d'Orlando en Floride qui a fait 50 morts et 53 blessés, le pire attentat commis aux États-Unis depuis le 11 septembre 2001.

«Nous ne nous tairons pas et nous ne nous laisserons pas diminuer, quel que soit le type d'agression qui nous vise», assure-t-il en défilant au coeur du quartier d'Hollywood.

«Aujourd'hui est le dernier exemple en date prouvant que nous avons besoin de plus de droits pour la communauté LGBT (lesbienne, gai, bissexuelle et transgenre, ndlr) et que nous avons besoin de combattre la haine par l'amour», a ajouté Matt Reents, 32 ans, porte-parole du consulat britannique de Los Angeles, qui participait au défilé.

D'après la municipalité, des centaines de milliers de personnes ont marché dimanche dans les rues de la deuxième ville américaine.

Mauvaise information de la police

Peu avant le début de la Fierté gaie, la police a annoncé l'arrestation à Santa Monica, localité de bord de mer qui jouxte Los Angeles, d'un jeune homme équipé d'armes lourdes, quantités de munitions et de substances explosives. La police avait d'abord diffusé une information selon laquelle cet homme âgé de 20 ans, James Howell, avait déclaré à un agent pendant son interpellation qu'il avait prévu de «causer des dégâts» pendant le défilé, selon la police. En fin de soirée, dimanche, la police est revenue sur cette information, indiquant que l'homme avait dit vouloir y assister, et non y commettre une attaque. L'homme arrêté est originaire de l'Indiana, dans le nord des États-Unis.

Après voir envisagé d'annuler la marche, les autorités l'ont finalement maintenue avec une présence policière renforcée.

Recueillement

Le maire de Los Angeles Eric Garcetti a défilé à côté du chef de la police de Los Angeles en portant un drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT, et un panneau où on lisait «Nous aimons Orlando».

«Nous sommes ici pour défiler, célébrer et nous recueillir», a-t-il déclaré à la foule, appelant, en l'honneur des victimes et de l'amour, «à serrer quelqu'un dans vos bras aujourd'hui».

A Los Angeles, plusieurs personnes dans la marche des Fiertés ont admis avoir envisagé de ne pas venir, avant de se raviser.

Un Israélien qui avait échappé à une attaque lors d'une Fierté gaie à Jérusalem l'an dernier, où six personnes avaient été poignardées, l'une mortellement, a jugé que le massacre d'Orlando montrait qu'il n'y avait aucun endroit réellement sûr.

«Si nous devons vivre dans la peur, on ne sortira plus de chez nous», a-t-il constaté, refusant de donner son nom.

«Nous allons donc continuer à vivre nos vies, apprendre aux gens à ne pas être homophobes, racistes, islamophobes et apeurés en permanence», a-t-il ajouté.

Beaucoup dans le cortège n'ont entendu parler de l'attaque en Floride qu'après être arrivés sur les lieux du défilé.

Perry Handy, avocat de 48 ans, participe chaque année à la parade de Los Angeles depuis 20 ans. Il qualifie de «pas en arrière» l'attentat d'Orlando.

Kyre Stucklin, 45 ans, en larmes, a déploré que l'accent soit mis sur l'éventualité des liens islamistes de l'assaillant plutôt que sur le fait qu'il ait visé la communauté LGBT.

«La pire fusillade de l'histoire des États-Unis est un crime haineux» contre les homosexuels, a-t-elle insisté.