Barack Obama trépigne. Déterminé à faire barrage à Donald Trump et à voir un démocrate lui succéder à la Maison-Blanche pour consolider son bilan, le président américain pourrait bientôt se lancer dans la bataille en annonçant son soutien à Hillary Clinton.

Le président a observé une relative neutralité dans la primaire démocrate jusqu'ici et la Maison-Blanche refuse de dire précisément quand il entrera dans la danse. Mais elle laisse entendre que cela pourrait intervenir rapidement, peut-être même dès cette semaine.

Une façon aussi d'encourager le sénateur du Vermont Bernie Sanders, qui fait de la résistance, à se rallier à l'ancienne Première dame sans attendre la convention de Philadelphie, fin juillet. Et de sonner le rassemblement des forces démocrates à l'approche du scrutin présidentiel du 8 novembre.

«Je suis impatiente de faire campagne avec le président», a lancé la candidate lundi à Compton, en Californie, quelques heures avant que les médias américains n'annoncent qu'elle avait franchi la barre des 2.383 délégués requise pour empocher l'investiture.

Les liens entre la Maison-Blanche et l'équipe de campagne de Hillary Clinton sont étroits, ne serait-ce que par le nombre de personnes qui sont passées de l'une à l'autre. John Podesta, directeur de campagne de l'ancienne secrétaire d'Etat, a travaillé au côté de M. Obama à la Maison-Blanche pendant des années.

Au-delà de l'évidente volonté de ne pas laisser M. Trump le remplacer dans le Bureau ovale -- difficile d'imaginer deux hommes aussi différents, dans leur parcours, leur style, leur vision du monde -- M. Obama semble avoir envie de goûter, une dernière fois en fin de mandat, à la saveur singulière d'une campagne présidentielle.

Il peut pour ce faire s'appuyer sur une solide cote de popularité. Selon les derniers chiffres publiés par Gallup, 52% des Américains approuvent son action. Il peut aussi compter sur son indéniable charisme sur les estrades.

D'ici le 8 novembre, «Obama doit garder sa cote de popularité au-dessus de la barre des 50% et tout faire pour amener les minorités aux urnes», explique à l'AFP Larry Sabato, politologue de l'Université de Virginie.

De fait, le 44e président des États-Unis peut jouer un rôle central pour mobiliser la coalition qui l'a porté au pouvoir en 2008 puis réélu en 2012: les femmes, les jeunes, les Noirs et les Hispaniques.

Pas d'appui présidentiel pour Trump

Ne risque-t-il pas de faire de l'ombre à la candidate et de souligner, en creux, le principal point faible de l'ancienne Première dame: son incapacité à enthousiasmer les foules ?

«Elle a besoin de chaque gramme de charisme d'Obama et elle le prendra sans la moindre hésitation», tranche Larry Sabato.

Les équipes de M. Obama soulignent avec un plaisir évident que cela fait des décennies qu'un président sortant ayant fait deux mandats n'avait pas été sollicité par les responsables de son parti ou par un candidat.

En 2008, à l'issue de deux mandats marqués par la fiasco de la guerre en Irak, George W. Bush était plus bas dans les sondages et le candidat républicain John McCain avait gardé ses distances avec lui.

Huit ans plus tôt, Bill Clinton avait lui, au contraire, quitté la Maison-Blanche avec une cote de popularité flatteuse, mais le vice-président Al Gore, candidat à sa succession, avait choisi de limiter son rôle dans la campagne par crainte que l'affaire Monica Lewinsky, et la procédure de destitution qui y était liée, ne pèse trop lourd dans la campagne. Le calcul politique s'est avéré perdant.

La présence de Barack Obama en campagne, mais aussi celle, évidente, de Bill Clinton, soulignera la position singulière de Donald Trump, qui ne pourra, lui, revendiquer l'appui d'aucun ancien président.

«S'installer dans le Bureau ovale et être commandant en chef est une lourde responsabilité. Seuls quelques-uns de ceux qui ont occupé cette fonction difficile sont encore en vie. Et, à ma connaissance, aucun d'entre eux, même les républicains, n'ont indiqué qu'ils entendaient soutenir le candidat républicain», soulignait lundi, sûr de son effet, Josh Earnest, porte-parole de M. Obama.

Les deux derniers présidents du «Grand Old Party», George H. W. Bush (1989-1993) et son fils George W. Bush (2001-2009), ont fait savoir qu'ils resteraient à l'écart de la campagne.